Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292
VIE DE DAGOBERT Ier.

serviteurs de Dieu fassent amitié avec des chiens. » Samon dit à son tour : « Si vous êtes les serviteurs de Dieu, nous sommes les chiens de Dieu, et puisque vous agissez toujours contre sa volonté, nous avons la permission de vous déchirer à coups de dents. » Et aussitôt Sichaire fut chassé de la présence de Samon. Dagobert ayant appris ces choses, ordonna sur-le-champ que, de tout le royaume, l’armée se mît en marche contre Samon et les Wénèdes : trois corps de troupes s’avancèrent contre eux. Les Lombards aussi, à l’appui de Dagobert, firent la guerre aux Esclavons, qui, de leur côté, appelant de divers lieux des secours, se préparèrent à résister. L’armée des Allemands, conduite par le duc Chrodobert, remporta la victoire dans les lieux par où elle était entrée. Les Lombards, avec Dagobert, furent aussi vainqueurs, et ils emmenèrent captifs un grand nombre d’Esclavons. Le roi, ayant ravagé cette terre, revint dans ses États.

La même année[1], il s’éleva une violente querelle entre les Avares surnommés les Huns et les Bulgares de Pannonie, qui se disputaient pour savoir qui devait succéder à l’Empire, un Avare ou un Bulgare. Ayant rassemblé leurs troupes, ils se combattirent rudement et les Bulgares furent vaincus. Neuf mille d’entre eux, chassés de Pannonie avec leurs femmes et leurs enfans, vinrent auprès du roi Dagobert, demandant qu’il leur permît d’habiter dans la terre des Francs. Le roi leur ordonna de passer l’hiver dans le pays de Bavière, en attendant qu’il eût examiné avec les Francs comment il devait agir. Les Bulgares ainsi dispersés dans les maisons des Bavarois, le roi, par

  1. En 630.