Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/72

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toutes les fleurs, tous les parfums, toutes les voluptés, toutes les amours.

Il y nageait, il s’y plongeait, il en prenait tant que son cœur pouvait en contenir, il les jetait et en prenait d’autres. Il aimait la femme aux mots d’amour, et la bouche aux dents fraîches, et les épaules blanches, couvertes d’une onde de cheveux noirs, et, quand il sentait des genoux presser ses flancs et des bras le serrer sur des seins nus, il se pâmait, il se mourait. Il était fou, idiot, stupide ; il sentait avec un enivrement machinalement une sueur de femme couler sur son corps, il tombait en fermant les yeux et rêvant d’autres voluptés, d’autres fanges dans son sommeil.

Et l’Avarice lui disait : « De l’or ! de l’or ! » et il était pris d’une cupidité insatiable. De l’or ! il y avait dans ce mot-là une frénésie satanique, et il amassait, il en amassait jusqu’au ciel, il en tirait de tout, des hommes et des choses ; il pressait tout dans ses mains et ses mains suaient l’or, il avait des machines qui lui en faisaient, et il en avait de quoi combler des océans, il s’y roulait dessus et disait qu’il était riche. D’autres fois, il était jaloux, par caprice, d’un haillon et il le volait ; s’il voyait une parcelle de quelque chose, il avait une soif de l’avoir, il avait du poison dans les veines.

L’Orgueil lui disait : « Vois donc ! regarde tes flottes, tes océans, tes empires, tes peuples esclaves ; tout à toi, à toi ! » Et il se trouvait grand, fort, beau, il se faisait dresser des autels, il était plein d’orgueil, et son orgueil l’étouffait de plus en plus, comme s’il avait eu une tempête dans l’âme, qui se fût gonflée toujours.

Il courait donc de ses trésors à ses maîtresses, de ses esclaves à ses maîtresses, esclave lui-même, captif de ses vices, esclave et gêné d’un pli de rose sous lui. Mais quelqu’un vint qu’on n’attendait pas, il frappa à la porte à grands coups de pieds et il l’enfonça. Tout