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JEAN RIVARD

La partie du Bas-Canada qu’on appelle les Cantons de l’Est[1] et qui s’étend au sud du fleuve Saint-Laurent, depuis la rivière Chaudière jusqu’à la rivière Richelieu, comprenant plus de quatre millions d’acres de terre fertile, est excessivement intéressante, non seulement pour l’économiste, mais aussi pour l’artiste, le poète et le voyageur. Partout la nature s’y montre, sinon aussi sublime, aussi grandiose, du moins presque aussi pittoresque que dans le bas du fleuve et les environs de Québec. Montagnes, collines, vallées, lacs, rivières, tout y semble fait pour charmer les regards. Le touriste qui a parcouru les bords de la rivière Saint-François ne saurait oublier les paysages enchanteurs qui s’offrent de tous côtés. Les rivières Chaudière, Nicolet, Bécancour, avec leurs chaînes de lacs, leurs cascades, leurs rives escarpées ; les lacs Memphremagog, Saint-François, Mégantic, Aylmer, avec leurs îlots verdoyants, présentent à l’œil le même genre de beautés ravissantes.

Ajoutons à cela que le sol y est partout d’une fertilité remarquable, que le ciel y est clair et le climat salubre, que toutes les choses nécessaires à la nourriture de l’homme, poisson, gibier, fruits, s’y trouvent en abondance, et l’on s’étonnera sans doute que cette partie du Canada n’ait pas été peuplée plus tôt.

Ce n’est que vers la fin du dernier siècle que trente

  1. Le mot anglais Township n’a pas d’équivalent en français. M. de Tocqueville dit que le township tient le milieu entre le canton et la commune ; d’autres, comme M. Laboulaye, prétendent que le township se rapproche beaucoup plus du canton que de la commune ; puisqu’un township peut se composer de plusieurs municipalités, de même qu’un canton peut comprendre plusieurs communes. Je me servirai donc dans le cours de ce récit, du mot « Canton, » de préférence au mot « Township »