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la littérature canadienne française

petits enfants ont une âme traditionnelle et ritualiste ; mon fils n’était point satisfait, car j’avais altéré le texte. Élevant sa main potelée, il m’indiqua la leçon que je transcris :

On montre d’abord, en indiquant les intervalles entre les cinq doigts écartés de sa menotte, que

le petit lapin a passe par là, par là, par là !

Puis on ajoute, en montrant à tour de rôle les doigts, à commencer par le pouce :

Celui-là l’a attrapé, celui-là l’a fait cuire, et c’est (montrant le petit doigt) le petit gourmand qui en voulait tant, qui en voulait tant, qui en voulait tant !

Ainsi parla mon fils, âgé de quatre ans, d’après une formule à lui enseignée par sa mère, et dont il n’admettait point qu’on s’écartât[1].

Ces variantes, peut-être familiales, sont assez voisines pour que nous sentions nos bébés très près des petits Canadiens de leur âge.

Bébé grandit encore : il joue avec des fillettes et des garçonnets. On se compte, pour savoir qui devra « coller » à chat perché, ou à chat coupé. Voici une des formulettes canadiennes usitées en pareil cas :

  1. Mon jeune ami Pierre H., d’origine alsacienne, veut bien me communiquer une variante que je m’empresse de noter «  L’alouette a fait son nid là. Elle a passé par ce petit trou-là. Celui-là l’a attrapée, celui-là l’a plumée, celui-là l’a rôtie, celui-là l’a mangée, et le petit-là n’a rien eu du tout, du tout, du tout ! »