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LA VIE EXTÉRIEURE.



Or, toujours elle est là, comme une conscience,
Fixant ses regards blancs sur mon impureté,
Témoin silencieux de chaque défaillance,
Qui m’écoute et qui juge avec tranquillité.


Elle lit sous mon masque et voit mon âme nue,
Elle sait mes regrets et compte mes remords,
Elle connaît les vœux que la chair m’insinue,
Et j’entends les conseils couler de ses yeux morts :


— « Garde dans ton cœur fier le dégoût du mensonge !
Superbe de cynisme et de triste impudeur,
Montre à tous comme à moi le cancer qui te ronge ;
Déshabille ta vie et fais voir ta laideur.


« Tant pis si l’on te hue et si la foule infâme,
Pour se punir sur toi te choisissant martyr,
Vient souffleter son âme au miroir de ton âme !
Le monde ne vaut pas qu’on daigne lui mentir.