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MANAC’H-MAR


Manac’h, s. m., moine. Empr. lat. monachus.

Maṅk, adj., manchot, mbr. manc. Empr. lat. mancus.

Maṅdok, s. m., goujon, gardon (poisson à grosse mâchoire) : pour *mantok, dér. de *mant = cymr. et vir. mant « mâchoire », et celui-ci d’un celt. *mand-eto- dér. de la rac. peu répandue qui a donné lat. mand-ere « mâcher », mand-ucàre > fr. manger, et mand-ibula.

Manek, s. f., gant. Empr. lat. manica.

Maner, s. m., manoir. Empr. fr. ancien maneir.

1 Mann, s. m., mousse terrestre (la vraie graphie serait man Loth), cf. cymr. mawn et ir. main « tourbe » : soit un celt. *mak-ni- ou *màk-ni « marais », etc., dont on peut à peine rapprocher lat. 'muscus, ag. moss.

2 Mann, s. m., corbeille. Empr. fr. manne.

3 Mann, rien, corn. man : identique à mdn, au sens de « [pas]… apparence », devenu négatif par le contact avec une négation ; ou bien à cymr. man, qu’on trouvera sous marbléô. V. sous 3 kammed.

Mannon, s. m. pl., menu fumier : pl. de 1 mann.

Mannouz (V.), adj., nasillard. — Étym. inc, mais cf. moṅkluz.

Mañouner, s. m., chaudronnier : dér. d’empr. fr. ancien maignan (conservé comme n. pr.) = ital. magnano < bas-lat. *machinânus.

Maṅtra, vb., accabler, navrer ; cf. cymr. mathru « fouler aux pieds » : dérivation secondaire du même radical primitif d’où est issu le vb. moṅt.

Maô, adj., bien portant, gai, mbr. 'mau, corn. maw « garçon », cymr. *mau- « serviteur », gaul. *mag-us dans le n. pr. Magu-rix, cf. got. mag-u-s « garçon »[1] : soit un celt. *mag-u-, dér. de rac. MEGH « grandeur », sk. mah-ànt « grand » ( gr. μέγ-ας, lat. ing-ens), got. mag-an vb. « pouvoir », ag. I may et al. ich mag, got. mah-t-s « puissance », ag. might et al. macht, vsl. mog-q. « je puis », etc., etc.

Maouez, s. f., femme, mbr. moues, corn. mowes id. : fm. du précédent.

Maout, s. m., mouton, corn. mols, cymr. molli, ir. molt, gael. malt id. : d’un celt. *mol-to-, ppe passé de la rac. de mala, cf. lat. mul-tu-s, « moulu, écrasé, châtré » (d’où le dér. fr. mout-on) f et russe mollit « châtrer ». V. les mots cités sous mala et la note sous kalz.

Mar, si. V. sous la forme plus simple 2 ma[2].

  1. Le sens originaire est « beau gars bien portant », d’où « garçon », puis « serviteur ». Cf. aussi maouez, méoel, matez, et une foule de noms propres gaul. dérivés.
  2. L’addition de l’r est très obscure : ou mar est un mot différent de ma et inexpliqué ; ou bien ma a été influencé par le mot suivant (valeur dubitative de « si »). C’est le plus probable, puisque le corn. et le br. ont en commun les deux mots.