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introduction.

mentateurs déjà cités) que l’autorité d’Hippocrate était grande à Alexandrie ; déjà, pour Apollonius, Hippocrate est le divin. Ce médecin avait composé un Traité en dix-huit livres qui combattait un ouvrage en trois livres d’Héraclide de Tarente, ouvrage qu’Héraclide avait lui-même adressé au livre de Bacchius. Il n’en faut nullement conclure qu’Apollonius de Cittium ait été contemporain d’Héraclide de Tarente, qui, dans le fait, lui était antérieur. Érotien cite une interprétation d’Apollonius sur un mot qui se trouve dans les Prénotions coaques, dans le premier livre des Prorrhétiques et dans le septième livre des Épidémies[1]. Il ne nous reste rien de ce grand travail, à moins que le petit commentaire sur le Traité des articulations n’en soit un fragment. C’est ce commentaire seul qui est arrivé jusqu’à nous ; il a été publié, pour la première fois, en grec par M. Dietz. Il est curieux, à ce titre, que de tous les monuments de ce genre c’est le plus ancien que nous possédions. Apollonius y avait joint des figures qui représentaient les manœuvres de la réduction ; il accuse Bacchius d’impéritie[2] ; il cite un certain Hégétor, chirurgien d’Alexandrie[3], à qui il reproche de n’avoir pas compris le texte d’Hippocrate sur la réduction de la cuisse. Hégétor soutenait que la rupture du ligament rond du fémur empêchait l’os réduit de rester dans la cavité cotyloïde. À ce propos, Apollonius déclame contre

  1. Κλαγγώδη, p. 198.
  2. Scholia in Hipp. Éd. Dietz, t. 1, p. 4.
  3. Ibid. p. 35. Cet Hégétor est celui dont parle Galien dans son Traité sur la distinction du pouls. Il réunit dans une même phrase plusieurs médecins d’Alexandrie : Ἀλλὰ τί μὴν Ἡρόφιλος εἶπεν, τί δ’ Ἡρακλείδης τε καὶ Χρύσερμος καὶ Ἡγήτωρ οὖκ ὀρθῶς ἐξηγήσαντο, τί δ’ ἄν εἶπεν Ἀπολλώνιος καὶ Βακχεῖός τε καὶ Ἀριστόξενος, εἰδέναι βουλόμεθα. T. III, p. 83, Éd. Basil.