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introduction.

J’ai signalé ces erreurs de mes prédécesseurs, non pour abaisser leur travail et élever le mien, mais pour montrer que dans un champ neuf d’observations tout est difficulté. Quand le cadre est tracé et rempli, il coûte peu de le rectifier.

M. H. F. Link[1] a pris, pour discuter l’authenticité des écrits hippocratiques, la voie ouverte par Sprengel. La base d’où part sa critique, est la considération des théories que renferment ces écrits : il distingue autant de classes différentes qu’il reconnaît de doctrines, prétendant que des doctrines contradictoires ne peuvent appartenir au même écrivain. De plus, il les compare aux doctrines philosophiques qui y correspondent, et, de cette comparaison, il tire une sorte de chronologie relative d’après laquelle il place tel écrit avant tel autre, et après Platon ou Aristote. Ce mode de critique est certainement un point de vue nouveau, et il offre des considérations qui ne doivent pas être négligées. M. Link se montre très difficile sur les livres hippocratiques, et, au contraire de ses prédécesseurs qui sont pleins d’enthousiasme pour ces écrits, et qui accueillent, avec une grande facilité, des témoignages incertains pourvu qu’ils soient favorables, il est animé d’un scepticisme inexorable devant lequel la personne d’Hippocrate est presque effacée, ou qui du moins ne lui laisse qu’un vain nom sans une œuvre effective. « Quand on jette un regard rapide sur les écrits hippocratiques, dit le critique allemand, on se demande quel est cet Hippocrate ? Si on parle de l’auteur du traité des Airs, des Eaux et des Lieux, il s’agit d’un écrivain clair et agréable ; si l’on parle de l’auteur du Pronostic et des

  1. Ueber die Theorien in den Hippocratischen Schriften, nebst Bemerkungen über die Acchtheit dieser Schriften. (Abh. der K. Academie der Wiss. in Berlin aus den Jahren 1814-1815.)