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de l’ancienne médecine.

en-deçà ou en-delà ; et je suis plein d’admiration pour le médecin qui ne commet que de légères erreurs. Mais une habileté consommée se voit rarement. La plupart des médecins ressemblent aux mauvais pilotes. Tant que le calme règne, leurs fausses manœuvres ne sont pas apparentes ; mais viennent un violent orage et un vent impétueux, ils laissent périr le bâtiment, et il n’est personne qui ne reconnaisse, dans le désastre, leur maladresse et leur ignorance. Il en est de même des mauvais médecins, qui forment le plus grand nombre : tant qu’ils traitent des maladies peu graves, où les fautes les plus grossières ne pourraient produire de sérieux accidents (et il faut savoir que les maladies légères sont plus fréquentes que les maladies dangereuses), leurs bévues ne sont pas visibles pour le vulgaire ; mais qu’il leur échoie une affection grave, violente, redoutable, alors leurs faux pas se voient ; leur inhabileté se manifeste ; car la punition des fautes du pilote et du médecin ne se fait pas attendre, elle vient aussitôt.

10. Qu’une abstinence intempestive ne cause pas de moindres souffrances qu’une intempestive réplétion, c’est ce qu’enseignera clairement un rapprochement avec l’état de santé. Il est des gens qui se trouvent bien de ne faire qu’un repas ; et, parce qu’ils s’en trouvent bien, ils s’en sont imposé la règle. D’autres font, de plus, un repas le matin, pour la même raison, à savoir parce que leur santé l’exige : exigences qui n’existent pas pour ceux qui, par plaisir ou par toute autre circonstance, adoptent l’une ou l’autre habitude : il est, en effet, indifférent à la plupart de s’accoutumer à faire ou un seul repas, ou un repas de plus le matin. Mais il en est qui ne pourraient, se dérangeant du régime qui leur est salutaire, sup-