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INDES ORIENTALES.

aſſembler le peuple au ſermon, & en le tançant vifuement du peu d’eſpoir qu’il auoit en Dieu, dit tout haut : Il y a en ceſte troupe, & des hommes, & des femmes, qui ſont allés aux diuins, & enchanteurs, & ont ietté le ſort, croyant que nos Galleres ſoyent prinſes des Mores, & pour cela les femmes regrettent, & pleurent leurs maris : mais vous, mes freres, & mes amis, chaſſés moy bien loin de vous ceſte triſteſſe, & vous tenés ioyeux hardiment, car nos gens ont ce iourd’hui meſmes combatu les ennemis, & les ayant vaincus il s’en reuiennent chargés de leur deſpouille, & d’vn beau & pretieux butin : & ſeront icy dans vn tel iour (en le quottant expreſſement) ſains & entiers, Dieu aydant, ſans auoir perdu que trois ou quatre de leurs gens : & partant rendons graces à noſtre Seigneur d’vne ſi belle victoire, en diſant vne fois le Pater noſter, & l’aue Maria, & puis nous la dirons auſſi pour les ames de ceux qui en combattant vaillamment, y ont laiſſé la vie. Ce qu’ayant ainſi annoncé, & dit auec vn viſage poſé, & vne contenance toute aſſeuree, l’aſsiſtance fut toute eſbahie, & eſmeuë en ſon eſprit : & de faict pour eſtre ſi bien cogneüe la ſaicteté du perſonnage, il n’y eut homme en l’aſſemblee qui ne creuſt fermement que Xauier auoit parlé cõme vray prophete, car il n’eſtoit venu meſſager aucun