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HISTOIRE DES

reuela le treſpas de Ieã Darauſi decedé en Amboino, en vn village nommé Tibi, & ſe retournant vers le peuple qui eſtoit preſent, il luy dit : vn tel eſt mort, ie vous prie, recommandés ſon ame à Dieu. Ce que tous prindrent comme vn traict de prophete, car il y auoit plus de ſix vingt lieuës de Maluco à Amboino, & ſi perſonne n’eſtoit venue de là de long tems, ny par mer ny par terre. Douze iours apres, ou enuiron, Iean Deiroa eſcriuit que Darauſi eſtoit allé a Dieu à l’heure meſme que Xauier l’auoit dit, & annoncé. Autre fois ſeiournant à Amboino, au milieu de ſon ſermon, il dit à ſes auditeurs : ſus meſsieurs à genoux, & diſons vn Patinoſtre pour Diego Giles, qui eſt ſur le point de rendre l’ame à Maluco, ce qui fut trouué vray par les nauires, & nouuelles qui en vindrent vn tems apres.

Mais ce qui fut comme grace particuliere de Xauier, c’eſtoit vne ſinguliere dexterité qu’il auoit de reduire les hommes deſbauchés, & adonnés à vices de toutes ſorte, à la vertu & ſaincteté. Car il alloit parmy les rues de la ville où il ſe rencõtroit, auec vne petite cloche, pour aſſembler les petis enfans, & les mores meſmes, tant hommes que femmes, au plus grand nombre qu’il pouuoit, les conduiſant à l’egliſe, là où apres auoir faict vne leçon du Catechiſme, il ſe