Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/109

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Un jour, le vieux Blaunas commerçait sur le Rialto avec un Arménien : ils étaient d’accord sur leur marché et se serraient cordialement les mains. Mon protecteur avait cédé à bas prix quelques marchandises à l’Arménien, et il demandait, comme de coutume, une bagatelle per il figliolo. L’Arménien, homme d’une haute stature, avec une barbe épaisse, je crois encore le voir, me regarda d’un air amical, m’embrassa et me mit dans la main une couple de sequins que je m’empressai de glisser dans ma poche. Nous regagnâmes en gondole la place Saint-Marc. En chemin, mon protecteur me demanda les deux ducats, et moi je prétendis que je devais les garder, puisqu’il avait plu à l’Arménien de m’en faire présent. Le vieillard prit de l’humeur ; mais, tandis qu’il me grondait, je remarquai que son visage se couvrait d’une teinte jaune et ter-