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MYSTÉRIEUX
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CHAPITRE XXVI

ESPOIR ET DÉSAPPOINTEMENT


On arrivait aux Trois-Rivières. Taillefer avait donné son cheval à un autre homme de la troupe qui était dans une charrette, et était monté dans cette voiture avec la dame qu’il accompagnait. En agissant ainsi, il avait un double but : d’abord, être moins remarqué, ainsi que sa compagne ; puis, parler en secret à celle-ci.

— Ne serait-il pas bon, madame, lui dit-il, lorsqu’ils furent seuls dans la charrette, qu’avant de chercher à entrer dans le fort[1], vous me laissiez avertir M. DuPlessis ?

— Quant à M. DuPlessis, répondit-elle, ne prononcez jamais ce nom devant moi ; ce serait accroître mes infortunes et l’entraîner lui-même dans des dangers auxquels il vaut mieux ne pas l’exposer. Guidez-moi seulement à la maison de M. Hocquart, à la maison occupée présentement, je crois, par M. le docteur Alavoine. Là votre tâche sera terminée, et moi seule puis juger de ce qui me reste à faire. Vous m’avez servie fidèlement, voici quelque chose pour vous récompenser.

Elle offrit à Taillefer une bague en diamant de grand prix.

— Madame, je ne me crois certes pas au-dessus de vos présents, car je ne suis qu’un pauvre homme, et j’ai dû avoir recours sou-

  1. Ce qu’on appelait la haute-ville était encore entouré d’une palissade, mais cette palissade tombait en ruines à l’époque des événements dont nous parlons.