Comme elle se faisait cette réflexion, elle entendit des pas dans la cour en arrière, et elle rentra doucement dans sa chambre en verrouillant la porte.
— Eh bien ! dit Deschesnaux à Cambrai, à présent que l’oiseau est dans la cage, fais-nous servir à déjeuner, nous en avons certes besoin, après une pareille nuit de marche et de fatigue ; moi je vais chercher le vieux docteur. Il y aura de l’ouvrage pour lui, il faut le mettre de bonne humeur.
Mais il revint au bout d’un instant seul, avec un rire sinistre sur les lèvres.
— Notre ami s’est exhalé, fit-il.
— Que voulez-vous dire ? demanda Cambrai. Se serait-il enfui avec mes cinquante écus, qui devaient se multiplier plus de mille fois ? J’aurais recours à la justice pour faire arrêter et punir le mécréant.
— Tu as un moyen plus sûr de les retrouver : va te pendre et plaider contre Degarde devant le tribunal du diable, car c’est là qu’il a porté sa cause.
— Est-il donc mort ?
— En effet, il est mort. Il a le visage et le corps tout enflés. Il venait sans doute de mélanger quelques-unes de ses drogues infernales ; le masque de verre qu’il portait sur son visage est tombé, et le poison s’est insinué dans son cerveau.
— Grand Dieu ! Mais croyez-vous, Deschesnaux, que la transmutation avait eu lieu ? Avez-vous aperçu des lingots dans le creuset ?
— Je n’ai vu que Degarde mort ; c’est un spectacle hideux. Il faut l’enterrer bien avant dans la cave avec ses instruments. Qui songera à lui et s’apercevra qu’il n’est plus ? Personne, vraisemblablement. Maintenant, il faut s’occuper d’elle. Comment allons-nous en finir ?
À ces mots, Cambrai s’approcha lentement de la table et dit :