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LE MANOIR

— Et vous pensez, M. DuPlessis, qu’il est question de mariage entre cette demoiselle et M. Hocquart ?

— J’en suis certain, M. Gravel ; on en parle beaucoup dans le grand monde. Les malins vont même jusqu’à prétendre que c’est un futur gouverneur du Canada, plutôt que M. Hocquart même, que l’ambitieuse demoiselle aime en lui, et que, quand elle croit voir son étoile décliner, elle ne désire plus que de passer, un jour ou l’autre en France, avec la marquise, dans l’espoir d’y épouser quelque noble. On ajoute que, de son côté, M. Hocquart recherche cette demoiselle parce qu’elle est la protégée du marquis et de la marquise, et qu’il espère en l’épousant se faire nommer gouverneur du Canada par le moyen de l’influence de cette famille. Quoi qu’il en soit, lorsqu’ils se rencontrent en société, dans les réunions de cérémonie, tout le monde remarque qu’il existe un singulier embarras entre eux. Ils doivent pourtant s’aimer, car tous les deux sont aimables. Mais que fais-je ? je vous raconte là des choses qui ne vous intéressent guère, ou que vous connaissez peut-être aussi bien, sinon mieux, que moi.

— Au contraire, M. DuPlessis, c’est pour moi du nouveau fort intéressant. Mais je ne vois pas en quoi tout cela pourrait nuire à votre projet. C’est plutôt de la part de mon vaurien de neveu que j’appréhende du danger pour vous.

— S’il veut faire des siennes, M. Gravel, il trouvera en moi à qui parler. Cependant, par considération pour vous, je ne voudrais pas qu’il se passât rien qui pût faire jaser vos voisins ; je partirai donc à la pointe du jour.

— Croyez-m’en, M. DuPlessis, partez de suite. Je n’ai jamais autant désiré l’arrivée d’un voyageur que je désire votre départ ; car Michel vous guette. Partez sur-le-champ, pour vo-