Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/18

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Le matin, pour commencer sa journée, elle chantait d’une voix claire et perlée quelques airs d’orgue que le vent apportait le soir jusqu’à la fenêtre, ou quelque vieille chanson lorraine dont sa mère l’avait bercée en de meilleurs jours. Le soir, elle s’endormait heureuse comme le voyageur après une mauvaise traversée.

Le logis du tailleur de pierres se composait d’une chambre et de deux cabinets ; un de ces cabinets était pour Rosine et ses petites sœurs. Même aux plus grands jours de détresse, ce lieu avait un certain air de jeunesse qui charmait les voisines. Çà et là une robe, un bonnet, un fichu, cachaient la nudité des solives ; les deux lits blancs avaient je ne sais quoi d’innocent et de simple qui réjouissait le cœur ; la petite fenêtre s’ouvrant sur le toit avait un coin du ciel en perspective ; enfin, quand Rosine était là, chantant à son ré-