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taire[1] » ; et même ailleurs, il maintient qu’il faut que ces personnages obtiennent leurs pouvoirs dans un rêve[2].

III

LA RÉVÉLATION

C’est par révélation que la vertu magique s’acquiert dans la plupart des tribus australiennes. Normalement, c’est au cours d’un rêve ou dans un état extatique ou semi-extatique que cette révélation se produit. En principe, elle est le fait d’esprits, esprits des morts ou esprits purs, probablement très souvent, d’esprits moins nettement classés dont les qualités sont indécises et dont la figure mythique flotte entre l’ombre humaine, l’animal et la divinité de la nature.

Pour l’étude des documents, commençons par les plus sommaires. En allant des renseignements les plus brefs à des renseignements de plus en plus détaillés, nous avons chance de faire voir que, malgré les apparences, le phénomène a eu partout une réelle complexité[3].

1o La révélation par les morts. — La façon la plus sommaire dont les auteurs nous décrivent cette révélation est que ce sont les esprits des parents qui donnent aux enfants le pouvoir magique[4]. La précision est déjà plus grande

  1. Howitt, Kam. and Kurn., p. 232, note.
  2. A. M. M., p. 35, cf. p. 24. Probablement l’indication donnée p. 43, n. 2, à propos du caractère « magique » des noms des clans totémiques chez les Wiraijuri, doit être interprétée comme un fait de ce genre.
  3. Nous ne tenons naturellement aucun compte de documents aussi peu localisés et aussi imprécis que ceux de Bonwick, Australian Aborigines, J. A. I., II, p. 208, 209 ; discussion in Proceedings of the Royal Colonial Institute, p. 48.
  4. D’ordinaire les textes donnent pourtant quelques indications précises, mais au hasard, voir : Jajowerrong de Victoria, J. Parker, in Brough Smyth, Aborigines of Victoria, II, p. 155 ; tribu de, la Rivière Pennefather (Queensland), Roth, Superstition, Magic, etc., p. 30.