où il y a beaucoup de roues de cabriolet. Ouvrage maussade, ouvrière revêche. Elle était depuis plusieurs heures sur sa chaise quand la porte s’ouvrit. Mlle Gillenormand leva le nez ; le lieutenant Théodule était devant elle, et lui faisait le salut d’ordonnance. Elle poussa un cri de bonheur. On est vieille, on est prude, on est dévote, on est la tante ; mais c’est toujours agréable de voir entrer dans sa chambre un lancier.
— Toi ici, Théodule ! s’écria-t-elle.
— En passant, ma tante.
— Mais embrasse-moi donc.
— Voilà ! dit Théodule.
Et il l’embrassa. La tante Gillenormand alla à son secrétaire, et l’ouvrit.
— Tu nous restes au moins toute la semaine ?
— Ma tante, je repars ce soir.
— Pas possible !
— Mathématiquement !
— Reste, mon petit Théodule, je t’en prie.
— Le cœur dit oui, mais la consigne dit non. L’histoire est simple. On nous change de garnison ; nous étions à Melun, on nous met à Gaillon. Pour aller de l’ancienne garnison à la nouvelle, il faut passer par Paris. J’ai dit : je vais aller voir ma tante.
— Et voici pour ta peine.
Elle lui mit dix louis dans la main.
— Vous voulez dire pour mon plaisir, chère tante.
Théodule l’embrassa une seconde fois, et elle eut la joie d’avoir le cou un peu écorché par les soutaches de l’uniforme.