Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/302

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de l’Assemblée nationale et conduit dans cette prison par une force armée à laquelle il m’a été impossible de résister, déclare protester au nom de l’Assemblée nationale et en mon nom contre l’attentat à la représentation nationale commis sur mes collègues et sur moi.

» Fait à Mazas, le 2 décembre 1851, à huit heures du matin.

« Baze. »

Pendant que ceci se passait à Mazas, les soldats riaient et buvaient dans la cour de l’Assemblée. Ils faisaient du café dans des marmites. Ils avaient allumé dans la cour des feux énormes ; les flammes, poussées par le vent, touchaient par moments les murs de la salle. Un employé supérieur de la questure, officier de la garde nationale, M. Ramon de la Croisette, se risqua à leur dire : Vous allez mettre le feu au palais. Un soldat lui donna un coup de poing.

Quatre des pièces prises à la cour des canons furent mises en batterie contre l’Assemblée, deux sur la place de Bourgogne tournées vers la grille, deux sur le pont de la Concorde tournées vers le grand perron.

En marge de cette instructive histoire, mettons un fait : ce 42e de ligne était le même régiment qui avait arrêté Louis Bonaparte à Boulogne. En 1840, ce régiment prêta main-forte à la loi contre le conspirateur ; en 1851, il prêta main-forte au conspirateur contre la loi. Beautés de l’obéissance passive.