Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/28

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Dis vrai. Prends garde.

Le Prieur salue.

Depuis quelques instants le vieux moine vêtu d'une robe de dominicain a reparu au fond du théâtre. Il marche, la tète baissée, inattentif à tout, occupé seulement à saluer toutes les croix des tombeaux devant lesquelles il passe. Il semble murmurer des prières. Ce passant est remarqué par le roi, qui le montre au prieur.

D'abord, quel est ce moine à figure hagarde,

Pas vêtu comme toi, qui fléchit le genou

Chaque fois qu'il rencontre une croix?

Le Prieur


C'est un fou.

Le Roi


Comme il est pâle!

Le Prieur


Il veille et jeûne. Il s'exténue.

Il parle. haut. Il marche au soleil tête nue.

Il divague, il délire. Il rêve d'aller voir

Les papes, pour leur dire à genoux leur devoir.

Nous devons quand il passe observer le silence.

Il n'est point de notre ordre. Il est en surveillance

Dans ce cloître. On enferme ainsi dans nos couvents

Tous les prêtres qui sont inquiets, les savants,

Les songeurs qui pourraient prêcher dans la campagne

Autrement que ne veut notre église d'Espagne.

Le Roi


Quelle folie a-t-il?

Le Prieur


Des visions de feu.

L'enfer. Satan. Il n'est ici que depuis peu.

Le Roi


 Il est vieux.

Le Prieur


Il n'a pas, je crois, longtemps à vivre.

Le moine passe et disparaît sans avoir vu personne.

{{PersonnageD|Gucho|c|