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MILLE FRANCS- DE RECOMPENSE.

CYPRIENNE.

Non, ma mère.

ÉTIENNETTE.

Qui esc-ce donc qui était ici tout à l’heure ? Ma mère . . .

J’ai entendu une voix.

Ma mère...

CYPRIENNE.

ETIENNETTE.

CYPRIENNE.

ÉTIENNETTE.

Mon enfant, il faut que je te parle. Oui, ma mère.

Sérieusement.

Oui, ma petite mère.

CYPRIENNE.

ETIENNETTE.

CYPRIENNE.

ETIENNETTE.

Ma fille, la gêne entraîne des conditions fâcheuses. Les soins du ménage me retiennent à la maison ; je ne puis t’accompagner sans cesse comme je le devrais ; je suis forcée de te laisser sortir seule. Hélas ! et nous sommes déjà au delà de la gêne, nous sommes dans la pauvreté, et demain il faudra descendre la troisième marche qui entre dans la nuit, la misère. Tu connais notre position. Elle est lamentable. Ton grand-père donnait des leçons de musique. Il est vieux, il est tombé malade. Voilà tout à l’heure deux mois qu’il a la fièvre et le délire. Les élèves l’ont quitté un à un. Plus de leçons, et des dettes. Ce matin , on vient saisir ici. Quel réveil pour ton grand-père ! Je lui ai caché l’extrémité où nous sommes. Il ignore tout. C’est là notre situation. Eh bien, mon enfant bien aimée, j’ai une autre angoisse encore, et plus cruelle. Ceci est ta chambre. J’ai été imprudente, il y a là une porte sur le petit escalier. Comme on va tout vendre, il a fallu démeubler les chambres, nous avons dû transporter ton grand-père ici. Ma fille, j’ai le cœur serré, écoute-moi. Tu vois comme le malheur est sur nous, la maladie, la ruine, les huissiers dans la maison, mon père et moi, vois-tu, nous n’avons