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sur la regle du Goût.

tions, ils ne tiendront aucun compte des opinions & des usages : pleins des mœurs de leur siecle, ils condamneront péremptoirement des choses qui ont été reçues avec les plus grands applaudissemens de ceux pour qui elles étoient destinées : s’ils jugent d’un écrit moderne, l’ami ou l’ennemi, le rival, le commentateur, l’homme intéressé, en un mot, perce toujours à travers leurs décision. Par ce moyen on parvient à se gâter le goût : les mêmes beautés & les mêmes défauts, ne sont plus les impressions qu’ils auroient faites, si l’on avoit su plier son imagination, s’oublier, pour un moment, soi-même. On peut donc dire qu’ici le goût s’écarte de la regle, & que par conséquent, il n’est d’ancun poids.

On fait que dans toutes les questions qui sont du ressort de l’entendement le préjugé nous égare, & pervertit les opérations des facultés intellectuelles ; il n’est pas moins funeste au bon goût, il corrompt la faculté de sentir le beau ; dans l’un & l’autre cas le bon sens doit le corriger, & en prévenir l’influence ; & à cet égard, aussi-bien qu’à d’au-