Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/62

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liturgie ; il est en plus doué d’une très jolie voix, nous dirigerons ses études dans ce sens et il sera vraiment l’honneur de notre monastère ; le frère Gèdre est également fidèle à Dieu et il mord vaillamment au grec ; si nous pouvions trouver en lui l’étoffe d’un bon helléniste, ce serait parfait, car nous en manquons. Le frère Sourche est le plus intelligent, le plus capable de tous, mais il a l’esprit inquiet, et des tendances au rationalisme ; dans l’atmosphère du cloître, elles passeront ; les frères Marigot et Vénérand ne sont pas, au contraire très compréhensifs ; ils peinent sur la théologie, sans progresser, mais ils sont bien soumis et bien obéissants ; ils seront plus tard chargés dans la maison des diverses besognes qui n’exigent ni effort intellectuel, ni aptitudes spéciales ; quant aux novices déjà prêtres quand ils entrèrent, ils sont excellents et nous n’avons qu’à nous en louer.

— Et vous oubliez, mon révérendissime, le frère de Chambéon, dit Dom Felletin.

— Le saint homme ! — voilà où vraiment le mystère d’une vocation tardive s’atteste, continua l’Abbé après un silence.

M de Chambéon a quitté le monde où il occupait une belle situation pour être admis, à l’âge de cinquante-cinq ans, dans notre noviciat. Il s’est refait enfant pour vivre avec des gamins de dix-sept à vingt ans ; et il prêche d’exemple. C’est lui le frère excitateur, celui qui est debout, le premier, pour sonner la cloche et réveiller les autres ; il frotte les escaliers, il mouche les lampes, il accomplit encore des travaux plus humbles.

Et cela si simplement, en s’excusant presque d’accaparer ces pénibles tâches ; j’ai moins besoin de sommeil