et tu ne devrais pas le faire. Tu es orgueilleuse d’avoir tant travaillé pour ta mère.
Je ne regarde personne du haut de ma grandeur. Pourtant je suis satisfaite. Je m’enorgueillis de penser que grâce à moi ma mère a passé tranquillement ses derniers jours.
Et tu t’enorgueillis aussi de ce que tu as fait pour tes frères.
Il me semble que j’en ai le droit.
Je le crois aussi. Maintenant je vais te dire une chose, Christine. Moi aussi j’ai un motif de joie et d’orgueil.
Je ne le mets pas en doute. Voyons, explique-toi ?
Parle plus bas, que Torvald ne nous entende pas ! Pour rien au monde je ne voudrais qu’il sache… Personne ne doit le savoir que toi, Christine, rien que toi.
Mais qu’est-ce ?
Approche-toi davantage. (Elle l’attire près d’elle sur le sofa.) Oui, écoute, moi aussi je puis être orgueilleuse et satisfaite ! C’est moi qui ai sauvé la vie de Torvald.
Sauvé ! Comment sauvé ?
Je t’ai parlé du voyage en Italie, n’est-ce pas ? Tor-