Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/81

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Helmer.

Oui, quelqu’un est-il venu ?

Nora.

Non, non.

Helmer.

C’est étrange. J’ai vu Krogstad sortir de la maison.

Nora.

Ah ! oui, Krogstad est venu un instant.

Helmer.

Je le vois à ta figure. Il est venu te supplier de me parler pour lui.

Nora.

Oui.

Helmer.

Et tu devais le faire comme si cela venait de toi-même, en me cachant sa visite. Ne t’a-t-il pas demandé cela ?

Nora.

Oui, Torvald, mais…

Helmer.

Nora ! Nora ! Et tu as pu agir ainsi ! Engager une conversation avec un pareil homme et lui faire une promesse et pour comble me mentir.

Nora.

Te mentir ?

Helmer.

Ne m’as-tu pas dit que personne n’était venu ? (Il la menace du doigt.) Il ne faut pas que mon oiseau chanteur y revienne. Les oiseaux aux chants mélodieux doivent avoir le bec pur et propre pour bien gazouiller sans jamais détonner… (Il la prend par la taille.) N’est-ce pas vrai !… Oui, je le savais bien. (Il la lâche.) Plus un mot là-dessus ! (Il s’assied devant la cheminée.) Comme on est bien ici !

Il feuillette ses papiers. Nora continue à parer l’arbre. Silence.