Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/387

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par vos études de Rome, et cette belle jolie copie de la madone Délia Sedia qui m’apparut, comme un astre du ciel. Depuis, enfant de Rome, comme vous, cher maître, combien là j’ai pensé à vous ! Je vous ai vu à mes côtés, admirant ensemble ces divins chefs-d’œuvre. Oui, Monsieur et digne ami, vous avez été le véritable maître et vous avez créé ce que les autres n’ont fait que développer.

Mon cher Monsieur Roques, est-il possible que je sois donc toujours privé de vous voir, de vous entretenir de vive voix, de vous honorer comme je le voudrais ? Mais combien j’ai de reproches à me faire, de vous avoir tant négligé, mais seulement par ma seule paresse à prendre la plume : mon cœur n’y était pour rien.

Pardonnez-moi, je vous prie, en faveur de tout l’attachement que j’ai pour vous, comme celui d’un fils pour un père. Et quel autre plus digne après le malheur que j’ai eu de le perdre, ce pauvre père que vous aimiez tant, ainsi que ma pauvre mère à qui vous avez fait du bien. Mon cœur vous en tient bien compte. Que si vous pouviez douter de mes sentiments, notre ami Pichon connaît toute la tendresse et la reconnaissance que je vous porte, et toute mon admiration pour votre personne, et combien, — il a dû vous le dire, — ma femme et moi, nous aurions été heureux de vous recevoir chez nous, à Paris, où toujours une chambre vous attend. Car, à vrai dire, l’âge n’a pas de vieillesse, lorsqu’on se porte aussi bien que vous le faites avec toutes vos facultés. C’est, d’ailleurs, par l’esprit que l’on vit, et sous ce rapport vous devez vivre cent ans.

Plusieurs de mes amis et la renommée parlent avec admiration de vos grands ouvrages historiques ; ce qui ne m’étonne pas, car, transportant alors ce beau talent à Paris, la grande arène, vous eussiez bientôt