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pris la première place. Ne pouvant jouir et admirer comme les autres, vous avez pensé m’en dédommager par l’envoi de dessins que je trouve admirables et de grand maître. J’ai, à côté de moi, ce charmant dessin de la Sainte Famille qui lait mon bonheur. Vous m’excuserez si je n’ai pas osé lutter avec vous, en vous envoyant des miens ; je n’ai rien trouvé jusqu’ici d’assez digne, mais j’ai rassemblé et je vous prie de vouloir bien agréer comme hommage une suite d’œuvres gravées, d’après mes ouvrages. S’ils ne sont pas tous traduits aussi heureusement, vous aurez au moins l’ensemble de mes petites œuvres : puissent-elles vous plaire quelquefois.

Je ne perds pas l’espoir de vous revoir, cher maître, moi qui vous vois toujours comme je vous ai laissé, si jeune, si vif et si bon ; et l’on dit que, sur ces points, vous n’avez pas changé. Ah ! pourquoi ma position, (je voudrais et aurais besoin de repos), me tient ici si esclave que je ne jouis d’aucune liberté de temps. Patience : espérons cependant que vous ou moi, irons nous retrouver. C’est avec cet espoir que je vous renouvelle, en attendant, mon très honorable ami, l’expression des vœux que je fais pour votre heureuse et longue vie que votre caractère et votre admirable talent rendent si honorable.

« Je me rappelle, cher et digne ami, à votre bon souvenir, et je vous embrasse avec toute la tendresse et le respect inaltérable de toute ma vie. »

000(Fonds Forestié).
Ingres.


L
Ingres à Gilibert.
Dampierre, 13 novembre 1844

Il y a bien longtemps que je veux t’écrire et te parler de tes amis solitaires en cette vallée.