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encore ; l’ombre et la paix emplissent ses rues tortueuses… seule l’onde infatigable gémit sur ses bords, continuant nonchalamment sa romance sans fin…

À Beyrouth, le coup d’œil est féerique. Sous les brouillards argentés du matin se dessinent les montagnes dont il suffit de prononcer le nom pour sentir s’éveiller en soi une émotion poignante : c’est le Liban.

Des bandes de pourpre se déroulent sur la tête des collines, alors que les profondeurs des vallées sont encore plongées dans l’ombre ; puis l’ardent soleil, fier de son magnifique manteau d’or, envahit tout et donne aux blocs de granit, aux massifs de verdure, aux édifices jaunis par le temps des couleurs éblouissantes, adoucies çà et là par des reflets câlins d’émeraude et de saphir ; la mer, l’atmosphère et l’air sont comme noyés dans un océan de lumière, il faut la plume magique de Lamartine pour exprimer toute cette beauté avec des mots : seule elle en est digne et capable.

Broumana. Des montagnes, des bois de pins odorants, des maisons immaculées coiffées de tuiles rouges et perdues parmi les arbres verts, et, là-bas très loin, la mer balançant ses flots moelleux… voilà le charmant tableau qui environne notre habitation estivale d’un mois.

Il est près de six heures du soir et le soleil a disparu derrière l’horizon, enveloppé des velours mono-