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Depuis ont passé des années ;
J’ai grandi, souffert, embelli,
Et de mes amours raffinées
Le plus chez dort enseveli !
Souvent le doux appel de frère
A brûlé ma lèvre et mon cœur…
Ah ! trop cruelle est la douleur
Qui remplit nos jours sur la terre !

Ô mon frère, ô mon frère mort,
Rien ne frissonne dans ta cendre !
Ne sens-tu rien de doux et fort
Sur tout ce qui fut toi descendre… ?
Car ta sœur vient pour te chanter
De nos berceuses orientales,
Nocturnes lentes, automnales…
Ne pourrais-tu les répéter… ?

Les morts oublient-ils les romances
Qu’ils ont appris à bégayer,
Et leurs compagnons de souffrances,
Et tous leurs efforts d’essayer… ?
Et de leur langue maternelle
Oublient-ils les si chers accents,
Et les visions d’attraits puissants
Du pays, des campagnes belles… ?