Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/306

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» Le Joseph Calédonien répondit à Mme  Putiphar par un refus formel. Malheureusement, un jour la dame (toujours sous le prétexte d’allumer sa pipe) saisit Joseph par le pan de son manteau : j’entends le manteau Calédonien, qui se remplace avantageusement, les jours de pluie, par une feuille roulée en cornet et maintenue par un brin d’herbe. Ce manteau s’appelle moineau dans le pays. La suprême élégance est de porter un très grand manteau. L’infortuné jeune homme, saisi par le pan de son moineau, n’osa s’enfuir dans un état de honteuse nudité. La jeune femme l’entraîna dans le bocage, et le dépouilla elle-même de son manteau. »

Goût du Canaque pour la femme Blanche. — La femme Européenne, si modeste que soit son costume et si médiocre que soit sa beauté, semble une déesse descendue de l’Olympe à côté de l’horrible Popinée, véritable caricature de la femme. On conçoit a priori que le Canaque trouve peu d’occasions de satisfaire sa fringale amoureuse, car il est fort désireux de casser bois avec une femme blanche. Autrefois, il l’eût savourée avec délices, dans un pilou-pilou ; aujourd’hui, plus modeste il se contenterait de ses faveurs. Malheureusement pour lui, les femmes et filles des colons, généralement de race Anglaise, tout au moins par leur mères venues d’Australie, sont de mœurs pures, et à part de très rares exceptions, le Canaque est considéré par la femme blanche comme un animal à deux pattes indigne de son attention. Cependant, je tiens d’un vieux colon qui avait longtemps habité dans la Poya et avait sauvé sa vie de l’insurrection, qu’il avait essayé à plusieurs reprises d’élever de jeunes Canaques achetés au chef des Farinos, et que ces garçons, devenus pubères, étaient une gêne et se trouvaient tout le temps dans les jupes des femmes et des filles ; que, pour ce motif, il avait été obligé de les renvoyer pour prendre