Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/317

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dans la banlieue de Nouméa, et au besoin se défendre contre les Canaques de la police indigène, toujours à la piste des transportés évadés.

Le libéré. — Quand le transporté, condamné à huit ans ou plus de travaux forcés, a subi sa peine, il est astreint, pour une pareille durée, à la résidence fixe. Il devient alors Monsieur le Libéré, et c’est sur lui que tombe la manne inépuisable des faveurs de l’administration pénitentiaire, cette excellente Mère Gigogne qui n’oublie pas ses petits enfants Il a été créé, pour Messieurs les Libérés, une véritable colonie, ou plutôt un phalanstère, dans la vallée de Bourail, la plus belle, la plus vaste, et la plus fertile de toutes les vallées de l’île. Le commandant Rivière l’a vue et décrite, dans son ouvrage, à travers le prisme enchanteur de son imagination de romancier. Je renvoie à son ouvrage déjà cité, le lecteur curieux de connaître son opinion. La mienne est radicalement différente, et le tableau de l’existence du libéré concessionnaire, tracé par le commandant Rivière, est, d’après moi, très erroné. Il fait de ces ex-forçats des anges de repentir. Je me permets d’affirmer tout le contraire et de résumer ici l’opinion générale de tous les colons de la Nouvelle-Calédonie. Il n’est d’abord au pouvoir d’aucun règlement au monde, qu’il soit ou non pénitentiaire, de changer la nature humaine quand elle est viciée. En bonne justice, que peut-on attendre de l’association d’un voleur ou d’un assassin avec une fille condamnée pour infanticide, ou tout au moins une voleuse, ou prostituée, gibier de prison centrale ?

Le couvent de Bourail. — Parlons d’abord du fameux couvent de Bourail, dont les pensionnaires seraient des agneaux de douceur et de docilité, au dire du commandant Rivière. C’est dans cet établissement que l’on parque (et le mot n’est pas trop fort) tout ce lot de fem-