Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/318

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mes envoyées de France, et que l’on extrait des prisons centrales pour en faire de futures mères de famille. À leur arrivée à Nouméa, sur des bâtiments à vapeur (généralement de la Compagnie des Chargeurs-Réunis du Havre), on les envoie directement au couvent de Bourail, où elles se remettent des fatigues de la traversée et font une pieuse retraite, en attendant que l’excellente Administration leur donne un époux selon leur cœur. Le lecteur peut aisément s’imaginer combien de semblables nymphes doivent s’amuser, en récitant le chapelet et en tricotant des bas, ou fabriquant des layettes. La première chose qu’elles réclament à cor et à cris, c’est la liberté de la concession, avec un mâle à la clef. Comme aux Grecques de la Belle Hélène, il leur faut de l’amour, n’en fût-il plus au monde.

Lesbiennes et fellatrices. — Elles continuent, dans le couvent, les habitudes de Lesbiennes et de fellatrices qu’elles ont apprises dans les couvents de France sur la porte desquels brille le n° 69 en gros caractères, car beaucoup en viennent. Les autres, qui ont fait le trottoir dans les grandes villes, ne valent pas mieux, si elles ne valent pis. Marmites de souteneurs, elles peuvent se donner la main avec les putains de bordel, et les deux ensemble font la paire. On comprend que, malgré leur bonne volonté, les sœurs de Saint-Joseph, qui ont la charge d’âmes de ce troupeau de brebis galeuses, ne peuvent pas être partout. Ah ! ces pauvres sœurs, pour gagner leur part de Paradis, elles ont l’Enfer sur la terre ! Malgré les moyens qu’elles ont de tromper les ennuis de la claustration qu’on leur impose, les internées veulent le grand air, la liberté, et sont disposées à épouser le premier venu qui les demandera pour le bon motif. Peu importe l’âge, la figure, le poil du Monsieur Libéré qui