Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/390

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fourni la confirmation d’un fait avancé par mon jeune boy Tahitien, Ta-ra.

Il paraît que chez les jeunes polissons Tahitiens, c’est une marque de quasi-déshonneur de ne pas faire sortir son gland dans l’érection, et que ceux qui ont l’infirmité du phimosis sont l’objet des railleries des Vahinés. Il est certain que l’ancienne circoncision, par la fente du prépuce, n’offrait que des avantages, sauf la forme en oreille de chien coupée de cette fente prolongée trop loin. La circoncision ayant disparu avec l’antique religion de Tahiti, on y supplée par l’artifice suivant. Le jeune polisson Tané saisit, entre le pouce et l’index, le bout du prépuce quand il veut uriner, et ménage simplement un petit pertuis pour le passage de l’urine ; il en résulte que l’urine, ne trouvant pas de suite un libre épanchement, forme une poche qui distend le prépuce autour du gland. Cette opération répétée plusieurs fois par jour, distend mécaniquement le prépuce et agrandit l’ouverture, absolument comme le dilatateur Nélaton à trois branches, inventé dans ce but. Mais le procédé Tahitien présente, sur le dilatateur, l’avantage précieux d’opérer graduellement, sans douleur et sans accident, et cela à une époque où l’appareil génital est en voie de transformation radicale, au moment de la puberté. Au bout de quelques mois de cette manœuvre journalière, le gland est complètement libre, et même si le frein du gland est trop court, on l’incise avec un silex tranchant, et la petite plaie est pansée avec du coton, imbibé du suc d’une plante qui a les propriétés cicatrisantes de l’arnica. Cette petite opération n’offre aucun danger, car je me la suis faite moi-même à vingt-deux ans, pendant mes études de médecine, avec un coup de bistouri, et la plaie, pansée avec quelques brins de charpie trempée dans une eau blanche un peu forte, a été guérie en quatre ou cinq jours.