Un ravissant jardin plein de fleurs et de lumières. À partir du deuxième plan, un petit lac entouré de roseaux et de plantes aquatiques. À droite, grands platanes jetant sur le tout une ombre mystérieuse. À gauche, en deçà du lac, un banc de gazon.
Scène VI.
- À l’ombre des charmilles,
- Dans ce lac argenté,
- Livrons-nous, jeunes filles,
- Au plaisir de l’été.
- À l’eau, viens avec nous
- Sous nos pieds nus le sable est doux.
- Viens avec nous.
Geneviève et Églantine viennent en scène. Geneviève s’assied sur le banc de gazon. Églantine est debout à son côté.)
- Astre charmant, de tes étoiles
- Conduis les jeux et la gaîté ;
- Laisse à tes pieds tomber ces voiles,
- Et montre-toi dans ta beauté.
(Les jeunes filles viennent sur la scène et entourent Geneviève.)
- À l’ombre des charmilles, etc.
Mon Dieu !… que je m’ennuie !
Mais, enfin, le seigneur Sifroid, ton époux ?
Lui !… Depuis deux ans que nous sommes mariés, il vit de son côté, moi du miens. La chasse est tout ce qu’il aime… (Baillant.) Mon Dieu ! que je m’ennuie !
Ah ! si je voulais ramener le sourire sur tes lèvres, je n’aurais qu’un mot à dire…
Dis-le !
Reynold ?
Reynold.
Eh quoi !… encore plus triste ?… Et les beaux jours d’autrefois passés à la cour de ton père !
Passés !
Ma foi ! je ne sais plus que lui dire… (À ses compagnes.) À votre tour, tâchez de chasser sa tristesse.
Veux-tu que je te raconte l’histoire d’un vieillard amoureux ?
Veux-tu danser ?
Je jouerai du hautbois,
Jouons à Colin-Maillard.
À la main chaude.
Au cheval fondu.
À petit bonhomme vit encore.
Oui, à petit bonhomme vit encore.
Veux-tu que je te lise le journal du soir ?
Tiens, Églantine, Irma, Edvige et moi !… Nous avons appris des vers… Prends ton luth, Ida, et accompagne nos paroles. (Ida accorde son luth.)
- « Où vont les étoiles qui filent
- Dans les profondeurs de l’azur ?
- Les lucioles qui scintillent,
- Diamants, dans le bois obscur ?
- Où vont les chants pleins de mystère
- Que redit l’oiseau solitaire ?
- Ils vont où s’arrête leur route,
- Peut-être au ciel, que j’entrevois ;
- Ils parlent, et, la nuit, j’écoute
- Le doux murmure de leurs voix.
- Ils disent ce que dit l’abeille,
- L’insecte d’or, la nompareille :
- Aimez ! l’amour remplit la terre ;
- C’est le feu céleste apporté
- Pour perpétuer le mystère
- De la grâce et de la beauté !
- Aimez du printemps à l’automne,
- Du soir au matin qui rayonne,
- Et du temps à l’éternité !… »
Bravo ! bravo !
Je crois que nous avons réussi… Elle pense à l’amour… et l’amour chasse la tristesse en lui jetant des rires au visage !
Écoutez… elle va parler.
Mon Dieu ! que je m’embête !
Oh ! c’est trop fort !… elle n’aime