Page:James Darmesteter - Coup d oeil sur l histoire du peuple juif, 1882.djvu/21

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dehors sous Alexandre, l’établissement à Alexandrie, en Égypte et dans les îles ; les luttes contre les Séleucides, le réveil national sous les Maccabées, les premières alliances et les premières luttes avec Rome, les folies de la guerre civile, Hérode et les Hérodiens, Jérusalem jetant le défi à Rome et brisant les forces de l’Empire, quatre ans durant, au pied de ses murs, la ruine de la cité sainte, le temple en flammes, et l’agonie dernière à Bittar. Par derrière le drame politique, le drame spirituel ; — les rencontres de l’esprit juif avec l’esprit étranger, de Chaldée, de Perse, de Grèce ; — ses emprunts aux religions des unes, ses incursions dans la philosophie de l’autre ; — la formation à l’intérieur du judaïsme d’une mythologie secondaire, étroitement subordonnée à un monothéisme strict qui domine tout, et dans laquelle se combinent en proportions variables les souvenirs de la vieille mythologie nationale, les emprunts anciens faits avant et pendant l’exil à celles de Syrie et de Babylone et les emprunts récents faits après l’exil à Babylone et à la Perse ; — l’initiation du Judaïsme à la philosophie grecque et ses réactions sur elle, la naissance de l’hellénisme juif et la Bible conciliée avec Platon ; — la division des sectes et des écoles, la religion aristocratique des Sadducéens, démocratique et progressive des Pharisiens, ascétique et de renoncement des Esséniens ; — le développement traditionnel de la loi fixé, les docteurs reprenant dans les discussions de l’École l’œuvre de salut où ont échoué les pamphlets ardents des faiseurs d’Apocalypses et le poignard des intransigeants, et les descendants des messianistes et des zélotes édifiant enfin autour du Livre sacré, dernier sanctuaire à l’abri des torches romaines, cette triple enceinte inexpugnable, le Talmud. Au sixième siècle de notre ère est achevée cette immense encyclopédie, où sont consignées avec une impartialité absolue toutes les opinions exprimées, dans toutes les branches de la science et de la croyance, six siècles durant, dans les écoles de Palestine et de Babylonie, œuvre sans unité apparente, puisqu’elle reproduit le contraste infini des milliers d’esprits dont elle est la Somme, tour à tour et suivant la voix qui parle, d’une étroitesse étrange et d’une largeur sans égale, terne et éclatante, ouverte à la science et fermée, avec toutes les timidités de la pensée et toutes ses audaces ; mais le tout pénétré d’un souffle de foi et d’espoir qui met une unité dans ce chaos, la foi en un Dieu Un et l’espé-