Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/499

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LA REVISION


la parole. Durre, député socialiste, montrant la droite : « Ils s’en garderont bien. » Le projet est adopté par quatre cents voix de majorité[1]. Brisson, très ému : « Le président enregistre avec fierté ce vote ; il consacre, par une loi, le triomphe de la justice. »

Sur la réintégration de Picquart, quelques paroles véhémentes de Messimy amènent Cochin à la tribune.

Messimy a tenu à rappeler sa qualité d’ancien officier : « Il n’était pas indifférent que ce fût un ancien officier qui vînt demander de ratifier les mesures de réhabilitation et de réparation. » Pensée juste et fière, et qu’il était bon d’exprimer. Et pensée encore très juste que de dégager, une fois de plus, à cette heure, des fautes et des crimes de quelques hommes, l’armée abusée, qui a cru son honneur en cause et qui n’a entendu longtemps que « l’appel habile qu’on faisait à ses sentiments les plus naturels ». Mais Messimy, jeune, ardent, n’a pas le dédain des mots et des adjectifs faciles, qui, loin d’accroître, diminuent la force du discours ; et, quand il suffit de dire que l’armée n’est point solidaire des Mercier et des Henry, il dit : « Les imbéciles, les inconscients, les fous, ou les misérables criminels qui ont tout fait pour étouffer la voix de la vérité. » La droite proteste. Barrès : « Les injures sont

  1. 442 contre 32 (Barrès, Berry, amiral Bienaimé, ducs de Blacas, de Broglie, de Rohan, marquis de Juigné, de l’Estourbeillon, de la Ferronnays, de Montaigu, de Pomereu, comtes Le Gonidec de Traissan, de Lanjuinais, Albert de Mun, barons de Boissieu, Gérard, général Jacquey, lieutenant-colonel du Halgouët, de Monti, de Maillé, de Lavrignais, de Largentaye, Baudry d’Asson, Spronck, Pugliesi-Conti, etc. — Un certain nombre de membres de la Droite s’abstinrent, notamment Cochin, Delafosse, de Dion, Grousseau, de Gaillard-Bancel, Gauthier (de Clagny), de Levis-Mirepoix, de Mackau, Plichon, Piou, de Ramel, Xavier Reille, Schneider et quelques députés du Centre : Boucher, Brindeau, Hémon, Krantz.