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que les tourmens des damnés cessèrent ; leur esprit fut tranquillisé, et ils se virent transportés sur le chemin du Bôdhi (ou de la sagesse divine). Le Khoutoukhtou ayant ainsi rendu propres à la délivrance les six espèces d’êtres vivans dans les trois royaumes du monde, se trouva fatigué, se reposaet tomba dans un état de contemplation intérieure.

Après quelque temps ses regards se portèrent en bas du mont Bo ta la, et il vit qu’à peine la centième partie des habitans de l’empire de neige avaient été conduits sur le chemin de la délivrance. Son ame en fut si douloureusement affectée, qu’il eut le désir de retourner dans son paradis Souk’hâwati. À peine l’avait-il conçu qu’ensuite de ce vœu, sa tête se fendit en dix et son corps en mille pièces. Il adressa alors une prière au Bouddha infiniment resplendissant, qui lui apparut, dans le même moment, guérit la tête et le corps fendus du Khoutoukhtou, le prit par la main et lui dit : ô fils d’illustre origine ! vois les suites inévitables de ton vœu ; mais parce que tu l’avais fait pour l’illustration de tous les Bouddhas, tu as été guéri sur-le-champ. Il augmentera ta béatitude, ne sois donc plus triste, car quoique ta tête se soit fendue en dix pièces, chacune aura, par ma bénédiction, une face particulière, et au-dessus d’elles sera placé mon propre visage rayonnant, celui de Bouddha Amitâbha. Ce onzième visage[1] de l’infiniment resplendissant, placé au-dessus de tes dix autres, te rendra l’objet de

  1. C’est pour cette raison que Djian raï ziïgh est aussi appelé