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Journal de Bruxelles no  100

en possession ; la main-levée des scellés sera toujours accordée, si le mari consent à ce qu’il soit procédé à l’inventaire, ou s’il présente, soit dans une caution, soit dans ses propre immeubles, une sûreté suffisante. Le juge de paix peut, dans d’autres cas, sauf appel au tribunal civil, ordonner la main-levée des scellés.

De Strasbourg, le 2 Nivôse.[1]

Hier, le pont de bateau de Kehl a été rompu, parce qu'il étoit menacé par la glace, considérablement accrue depuis quelques jours.
Notre garnison de Kehl se trouve, en ce moment, dans une situation critique, ses communications avec la rive gauche étant presque entièrement interrompues. On s’attend à une attaque de la part des autrichiens.
Les nouvelles que nous recevons sur la destination future de l’armée russe sont très-contradictoires ; les uns prétendent qu’elle prendra ses quartiers d’hiver sur les frontières de la Bavière ; les autres, qu’elle retournera entièrement en Russie. Il paroît que Suwarow a reçu l’ordre de son gouvernement de rester provisoirement en Bohême, et d’attendre là des ordres ultérieurs. Il y a de nouvelles négociations entamées entre la Russie et l’Autriche, pour arranger leurs différends à l’amiable ; mais elles diffèrent trop dans leurs prétentions respectives pour qu’on puisse croire à une réconciliation sincère.

De Nice, le 23 Frimaire.[2]

Le conseil militaire a condamné à la peine de mort, quatre barbets, convaincus d’avoir assassiné un grand nombre de français : ils sont fusillés hier vers les quatre heures du soir.
Les vents constamment contraires aux bâtimens chargés de bled à Marseille, pour Gênes et pour ce département, nous faisoient déja sentir les dangers d’une pénurie de cette précieuse et salutaire denrée.
Des queues se formoient tous les matins aux portes des boulangers ; ce qui mécontentoit le peuple : un ordre supérieur a été donné au chef de la douane, pour faire mettre de suite la felouque armée en mer, à l’effet de contraindre tous les bâtimens chargés de bled, venant de Marseille, de se rendre dans le port de Nice. Deux génois, viennent d’y entrer : on y attend encore d’autres.
Depuis trois jours, toutes les bêtes de somme sont de nouveau mises en réquisition, pour transporter des farines à Monaco, Menton, Final, l’Antosca, etc., lieux où il en manquoit totalement.
Nous éprouvons dans ce département, et principalement dans cette commune, la même épidémie fiévreuse qu’ont essuyé les habitans de Rochefort, de l’Île d’Oléron ; mêmes symptômes ; c’est la bile qui nous fait la guerre : elle est, conjecture-i-on, occasionnée par l’intempérie de l’air.
Les météorologiste et les physiologistes en attribuent la cause aux hôpitaux [il y en a 5 ou 6 dans la ville,] aux cloaques, aux fosses d’aisance, qu’on ouvre tous les jours, parce que ce qu’elles contiennent sert d’engrais aux habitans cultivateurs, et sur-tout, voisinage du cimetière.
Il est mort dans une seule décade, cette contagion, environ 100 personnes de tout âge et de tout sexe.
La désertion a beaucoup diminué.


De Gênes, le 24 Frimaire.[3]

Nous avons tout lieu d’espérer que les autrichiens, après avoir été repoussés hier avec une si grande perte, ne seront pas en état de renouveller leur attaque avant que nous ayons reçus des secours de toute espèce. Selon des rapports dignes de foi, leurs forces disponibles ne se montent pas à 40 milles hommes. Le général en chef Melas a sous ses ordres 20 mille hommes ; le général Kray qui s’est retiré à Novi, 8 à 9 mille, et le général Klenau à-peu-près le même nombre. Il y a dans leurs hôpitaux plus de 16,000 hommes blessés ou malades. La bataille d’Albaro a eu beaucoup de spectateurs. Tous les génois étoient accourus aux remparts pour en être témoins. Plusieurs ont pris part à l’action, et personne n’a douté que les français ne fussent victorieux.
L’attaque des autrichiens du côté de Voltaggio et de Bochetta n’a pas été plus heureuse, quoiqu’ils eussent des forces très-supérieures. Le général Watrin qui y commandoit, les a repoussés après leur avoir tué beaucoup de monde. Dans leur retraite ils été inquiétés par le canon du fort Gavi.


De Berne, le premier Nivôse.[4]

Le sénat a été convoqué extraordinairement le 27 du mois dernier, pour entendre la lecture du nouveau projet de constitution rédigé par le citoyen Eschawer. Il ne paroît pas avoir réuni les suffrages.
Plusieurs membres du directoire actuel sont menacés, à ce qu’on assure, de l’ostracisme, mais avons peine à croire ce que l’on ajoute que le général français Mainoni est un des principaux auteurs de cette mesure.
On demande de Zurich que l’armée d’Helvétie paroît se disposer à reprendre l’offensive. Cela ne s’accorde pourtant guères avec le bruit généralement répandu à Berne que la cavalerie de cette armée ira prendre ses quartiers d’hiver en Alsace.
Les nouvelles du Haut-Valais portent que les troubles, les assassinats, les vols et le brigandage continuent à dévaster ce malheureux pays.


De Stuttgard, le 30 Frimaire.[5]

Des lettres de Vienne du 23, citées par une de nos gazettes, disent que le général Morzin a la commission de conduire par Brunn et Cracovie jusqu’aux frontières de Russie la colonne de troupes russes qui y ristourne par la Haute-Autriche ; et que le général Bender doit accompagner, aussi jusqu’aux frontières de Russie, la colonne qui est en marche sur Praque. Ceci contredit la nouvelle que le Mercure de Ratisbonne avoit donnée comme à-peu-près certaine, que l’armée russe devoit prendre ses quartiers-d’hiver en Bohême, et même laisser son arrière-garde dans le Haut-Palatinat. A l’égard du corps du prince de Conté, on dit que c’est sans fondement qu’on avoit cru qu’il prendroit ses quartiers d’hiver à Braunau : et qu’en avoit tiré l’induction d’après la marche-route qui porte que ces troupes doivent se diriger sur Braunau. On ne tardera pas à savoir positivement à quoi s’en tenir sur la marche de l’armée russe : déja il paroit certain que la colonne qui s’est dirigée par Ratisbonne sur Prague, n’a pas laissé d’arrière-garde dans le Haut-Palatinat.


De Munich, le 26 Frumaire.[6]

Hier, son altesse sérénissime électorale a donné à son altesse royale le duc de Berri, le divertissement de la chasse ; aujourd’hui, ce prince, qui est descendu au Cerf d’or, y a tenu cercle entre dix et onze heures. Le corps sous ses ordres a défilé devant la électorale, dans sa marche vers Braunau. Son altesse royale a dîné ensuite à la résidence.


De Londres, le 21 Frimaire.[7]

Les vols se multiplient ici d’une force si extraordinaire, que le gouvernement s’est vu obligé de doubler le nombre des patrouilles à cheval qui parcouroient les environs de la ville. Il y a quatre ou cinq jours qu’à six heures du soir, l’ambassadeur de la cour de Vienne, le comte de Stahrenberg, a été arrêté dans sa voiture par deux voleurs, entre Lartshem et Margate. On s’est contenté de lui voler ses guinées.
La disette du blé se faisoit sentir, on a recommandé pour la confection du pain d’employer la farine de riz.
Nous apprenons de Malte, que les vaisseaux anglais formant le blocus de cette place, se sont emparés de plusieurs bâtimens de Tripoli, chargés de vivres pour la garnison Française.

  1. 23 Décembre 1799
  2. 14 Décembre 1799
  3. 15 Décembre 1799
  4. 22 Décembre 1799
  5. 21 Décembre 1799
  6. 17 novembre 1799
  7. 12 Décembre 1799