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Journal de Bruxelles no  76

importe donc de lui accorder la plus vaste protection et les plus grands encouragemens.

La commission approuve la résolution. Elle approuve également celle du 9, relative aux contributions de l’an 8.

Au quartier-général à Marseille,
le 29 brumaire an 8 (20 novembre 1799).

Proclamation du général commandant la 8me division militaire.

Citoyens,

Le peuple français, victorieux de la lutte de la liberté contre le despotisme, voulut fixer son indépendance et tous les droits qu’elle lui assuroit, en atteignant le terme et le but de toute révolution.

Deux constitutions républicaines étoient nées du sein des orages : l’une et l’autre avoient pour but le bonheur du peuple ; ni l’une ni l’autre ne l’ont opéré, parce qu’on a vu plus de factieux que de vrais républicains. Chaque faction a eu ses meneurs et son règne ; chaque réaction a eu ses crimes et ses victimes : il n’en faut plus.

Périssent désormais ceux qui veulent substituer la vengeance à l’oubli des torts, la discorde à la tranquillité, l’amour de la richesse à l’amour de la patrie ; ceux qui préfèrent la guerre à la paix ! il est tems que le peuple français repose sur le marbre des lois.

L’époque en est venue. Ce qui a été promis doit se réaliser. Nous touchons au terme des agitations politiques. Les conseils législatifs ont senti la nécessité de confier le salut de la république à ceux qui ont le plus utilement concouru à sa défense et à son affermissement, et comme législateurs et comme militaires. Ils ont nommé magistrats suprêmes ceux qui ont le mieux mérité la confiance nationale : ils ne la démériteront point ; ils ne perdront point à discourir, le tems qu’il faut employer à la république.

Citoyens, lisez leurs proclamations, et ne doutez point de ce qu’elles promettent. Ils ne vous ont jamais trompés. Ils aiment les hommes probes et éclairés ; ils connoissent les sacrifices qu’ils ont fait à la liberté, au triomphe de la philosophie ; ils en furent les émules : aujourd’hui ils en seront encore les guides et les soutiens. Tout ce qui a été fait et sera fait pour la république, aura sa récompense.

Que les malveillans, toujours prêts à s’emparer des évènemens qui pourroient favoriser leurs vues criminelles et contre-révolutionnaires, perdent tout espoir, le triomphe en sera pour les républicains.

Appelés au commandement de la 8e. division, vous me connoîtrez sévère, mais juste ; ami de la patrie, des républicains, et leur zélé défenseur. Je n’examinerai que les actions, et je n’approuverai que celles qui ne sont pas réprouvées par les lois ; j’applaudirai à toutes celles qui seront utiles à la république. Je me dévoue, sans réserve, à la tranquillité, au bonheur de mes concitoyens, et j’espère obtenir leur confiance et leur estime.

St.-Hilaire.

De Nice, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

L’armée d’Italie occupe à-peu-près les mêmes positions qu’elle avoit avant sa réunion avec celle des Alpes. Elle soutient sa ligne depuis la Bochetta jusqu’aux frontières de France. Les autrichiens ont fait une tentative pour s’emparer du Col-de-Tende : mais ils ont été repoussés avec perte. S’ils avoient pu s’emparer de ce passage, qui est presque le seul praticable dans cette saison, ils auroient été à portée de menacer Nice et de couper l’armée française.

Coni est bloqué : les autrichiens font des préparatifs pour en commencer le siége.


De Gênes, le 17 Brumaire (8 novembre 1799).

Depuis hier le quartier-général est dans notre ville. Le général en chef, avec son état-major, a été suivi d’un corps de trois mille hommes, qui gardera les postes importans de l’Eperon et du Diamant. Un autre corps de six mille hommes arrivera incessamment, et se placera à la Madonne du Mont, pour couvrir, dit-on, la ville du côté de Bisagno, qui est le plus foible. Il n’y a cependant nulle apparence que les français se disposent à abandonner la Bochetta, ni que les autrichiens, aujourd’hui maîtres de presque toute la rivière du Levant, s’avancent jusqu’au Bisagno. Les français ont resserré leur ligne, afin d’être en état de la défendre.

Deux vaisseaux russes sont à la vue de Gênes depuis plusieurs jours. Des renforts arrivés à l’ennemi dans la rivière du Levant, ont fait penser que ces vaisseaux et les attaques faîtes aux avant-postes, avoient pour but de favoriser les mouvemens qui se sont manifesté dans Gènes. Mais trois bataillons français, arrivés à propos, ont rétabli le calme dans la ville, et sans doute empêché l’exécution des proiets préparés.

On dit que la nouvelle commission militaire, qui avoit été nommée pour juger les prévenus de contre-révolution, a eu ordre de suspendre ses opérations.


De Florence, le 27 Brumaire (18 novembre 1799).

Son éminence le cardinal Ruffo est arrivé ici le 25. Il repartira dans peu de jours pour se rendre à Venise et y assister au conclave.

Avis officiel publié par ordre de M. le général-major comte Palfy, commandant ad interim de la Toscane et de la Romagne.

« On s’empresse d’annoncer aux habitans de la Toscane, que M. le F. M. L. baron de Frolich, a contraint, après un feu de 48 heures des plus vifs, la place maritime d’Ancône à se rendre par capitulation. En vertu de l’acte qui a été conclu, toute la garnison, savoir : le général de division Monnier, 6 généraux chefs de brigade, 225 officiers de l’état-major et autres, et 2,599 bas-officiers et soldats, sont considérés comme prisonniers de guerre jusqu’à leur échange. La conquête de cette place importante nous a mis en possession de 585 canons, 3 vaisseaux de ligne, 3 chaloupes canonières, 9 bricks et un bâtiment corsaire, outre une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. »

De Lausanne, le 2 Frimaire (23 novembre 1799).

Quelques corps de troupes françaises sont déja arrives de l’armée d’Italie dans le canton de Leman, et nous attendons encore 12 à 15 mille hommes, dont ont ignore la destination. On présume seulement qu’ils vont rejoindre l’armée de Massera.

De Berne, le 2 Frimaire (23 novembre 1799).

Le canton de Waldstetten continua d’être l’objet des tributs de la bienfaisance. Les communes de Malhausen et de Markirch, dans le Haut-Rhin, ont aussi envoyé, à ses infortunés habitans, des secours de toute espèce, de l’argent, des vêtemens, de chariots chargés de bled et de légumes, etc.

De Bâle, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

Le citoyen Jenner qui est parti le 1er . de ce mois pour Paris, où il a à remplir auprès des consuls une commission très délicate, a emmené, comme secrétaire de sa légation, le citoyen Fornerod, secrétaire-rédacteur du directoire républicain, qui voile des principes austères sous des formes aimables.

Il ne faut pas regarder comme l’expression des vœux du peuple, l’adresse populaire dans laquelle on applaudit à la conduite du géneral Massena, à l’égard des villes de Zurich et de Bâle, et on blâme amerement celle de notre directoire. La verité est que cette adresse est l’ouvrage d’une vingtaine d’anarchistes, qui, comme ailleurs, usurpent le nom de patriotes.

De Zurich, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

Les barques qu’on a prises sur notre lac, et qu’on faisoit transporter vers les bords du Rhin, ne sont pas destinées, comme on l’avoit cru, à seconder un mouvement militaire sur ce fleuve. Il est seulement question de les opposer à la flottille de William, qui est sur le lac de Constance avec deux ou trois mille hommes, et qui pourroit, si on ne la surveilloit pas, opérer tout à coup un débarquement sur notre territoire.

Le genéral Massena est toujours ici. S’il médite quelque opération, son secret est bien gardé.