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Journal de Bruxelles no  76

En général, les événemens des 2 8 et 19 brumaire ont été reçus par les Helèvetiens, avec tout l’enthousiasme dont ce peuple sage et Calnie est capable. Ils espèrent rétablir, à l’exemple des français l’ordre dans leur administration, et expulser des places ceux qui ne sont pas faits pour les occuper.


De Leyde, le 9 Frimaire (Leiden, le 30 novembre 1799).

Le citoyen van Dedem tot de Gelder, fils de notre ambassadeur près la Porte ottomane, et qui lui-même a déja rempli plus d’une mission dans l’étranger, a été nommé, par le directoire batave, commissaire pour l’échange de nos prisonniers en Angleterre : le cit. C. Apostool, commissaire au bureau de la marine, l’accompagnera comme secrétaire ; et, partis le 6 au soir de la Haye pour leur destination, il doivent faire le trajet à bord du brick national le Furet.


De Londres, le 30 Brumaire (21 novembre 1799).

Jamais il n’étoit sorti autant de vaisseaux de notre port que pendant les quinze jours qui ont précédé le 23 de ce mois. La plupart partoient pour les Indes occidentales et étoient richement chargés.

Sept cents hommes des gardes, arrivés de Hollande, ont fait ici leur entrée il y a quelques tours. Leur extérieur annonce assez que leur expédition a été aussi fatigante que peu glorieuse. Deux bâtimens de transport, chargés de blessés, sont arrivés à Harwich. Ils étoient partis du Helder e le 12 de ce mois. Plusieurs points de nos côtes occidentales attestent les funestes résultats de la sublime conception de M. Pitt. Les hôpitaux de Yarmouth sont pleins de malades et de blessés russes.

Notre département des affaires étrangères est depuis quelque tems très-activement occupé. Il en part chaque jour des courriers qu’on dit porteurs des dépêches trés importantes. Loin de songer à la paix, notre cour semble occupée de tous les moyens propres à resserrer, et même a étendre les liens de la coalition, tandis que, si l’un en croit nos papiers, la France fait tous ses efforts pour en détacher une puissance principale et cherche à la séduire par des propositions très avantageuses.


De Francfort, le 3 Frimaire (24 novembre 1799).

On a toujours de la peine à concilier le départ de Suwarow, que la plupart des gazettes assurent devoir remener son armée en Russie, avec les nouvelles qu’on reçoit de la Russie et de tout le nord de l’Allemagne. Les dernières qui nous sont parvenues de ces diverses contrées, ne parlent que des préparatifs extraordinaires qu’on fait soit en Russie, soit en Autriche, pour se mettre en état de soutenir la guerre ; et si ces dispositions, qui ne sont souvent que les préliminaires d’une paix plus favorable, ne prouvent point en effet une intention réelle de continuer la guerre, elles ne sont pas non plus un acheminement à cette paix dont on parle tant aujourd’hui en Allemagne. On a peine à concevoir en effet, qu’au moment d’ouvrir des négociations, et où il seroit nécessaire de déployer des forces imposantes devant un ennemi vainqueur, Suwarow découvrit par sa retraite une partie de l’Allemagne et abandonna l’armée alliée déja trop faible en lui enlevant 50,000 hommes. Quelques personnes en avoient conclu que la retraite prétendue de Suwarow n’étoit qu’un mouvement simulé. Mais il paroît difficile de tenir aujourd’hui à cette opinion ; et l’ordre qui vient d’être notifié à tous les émigrés de quitter la Souabe et l’Autriche antérieure, ordre qui, dit-on, va s’étendre à un plus grand nombre d’états, prouve assez que les russes, leur unique appui, vont absolument abandonner l’Allemagne.

On ne peut se persuader que le général Suwarow prenne sur lui cette retraite et que sa haine pour l’archiduc le fasse partir sans autorisation de sa cour. La seule conjecture raisonnable que nos politiques tirent de ces diverses considérations, est que l’Autriche jointe à la plupart des états de l’Empire, auroit reçu ou proposé des négociations de paix avec la république, auxquelles la Russie ne voudroit prendre aucune part et qu’elle auroit donné l’ordre à ses troupes de se retirer, pour ne point autoriser par leur présence des négociations et une paix que l’empereur russe désaprouve.


De Rastadt, le 8 Frimaire (29 novembre 1799).

Nous recevons à l’instant une nouvelle très-importante. Les lettres d’Augsbourg, de Stuttgard, de Munich et de Francfort, s’accordent à assurer qu’il est arrivé de Pétersbourg à Augsbourg quartier-général de Suwarow, un courier extraordinaire apportant aux troupes russes l’ordre positif de retourner de suite en Russie, attendu qu’il ne vouloit pas servir des ingrats. Aussitôt après l’arrivée de ce courier, les généraux russes ont eu une longue conférence à Augsbourg, et y ont, assure-t-on, décidé que l’armée partiroit le 14 frimaire pour la Russie, en passant par la Bavière, l’Autriche, la Moravie et la Galicie. Le corps de Condé étant incorporé dans l’armée russe, retourne en Volhinie. On ne croit que l’électeur de Bavière laisse ses troupes dans la coalition ; on dit qu’il va les retirer dans ses états. L’Autriche se trouve dans la plus grande perplexité par cette retraite subite, qui sans doute la forcera à accélérer la paix.


De Stockholm, le 24 Brumaire (15 novembre 1799).

Le roi vient faire confisquer un écrit intitulé : « Essai sur les moyens de rétablir l’ancienne monarchie de France, et de la consolider pour l’avenir. » Cette démarche est la meilleure réplique qu’on puisse faire à ceux qui se plaisoient à compter la Suède parmi les puissances coalisées.


De Pétersbourg, le 18 Brumaire (9 novembre 1799).

La céremonie de mariage du prince-héréditaire de Mecklembourg-Schwerin avec la grande duchesse Hélène a été célébrée le 1er . de ce mois, et le 8 s’en est ensuivie celle du mariage de l’archiduc palatin de Hongrie avec la grande-duchesse Alexandre Pawlowna. — Les négociations avec la cour de Munich at sont heureusement terminées. Le nouvel électeur de Bavière avait, envoyé ici à cet effet le prince de Birckenfeld, duc de Bavière, son cousin, qui jouit de toute sa confiance. Ce négociateur illustre vient de quitter le château de Gatschina très-content du résultat de son voyage. Notre empereur l’a décoré du premier ordre de Russie, celui de Saint-André, et lui a fait des présens d’une très-grande valeur. Le ministre bavarois, baron de Rechberg, conseiller privé de l’électeur, a reçu la grande croix de l’ordre de Sainte-Anne.


Constantinople, le 7 Brumaire (29 octobre 1799).

Suivant les dernières nouvelles de la Syrie, le grand-visir se dispose à lever son camp de Damas pour passer en Égypte ; l’armée sous ses ordres est de 50 mille hommes. Il paroit que l’on doit attribuer le retard qu’a éprouvé sa marche, au manque de divers objets d’approvisionnement et des charrois nécessaires pour traverser le désert ; la Porte s’est empressée de les lui faire passer. [ C’est sans fondement, comme l’on voit, qu’on avoit annoncé qu’il y avoit eu une action entre l’avant-garde de l’armée du grand-vislr et les français.]

Il ne s’est rien passé en Égypte depuis la prise d’Aboukir. Le commodore sir Sidney-Smith est toujours en Chypres où il attend le renfort de vaisseaux turcs qui ont fait voile des Dardanelles il y a quelque tems. Le blocus d’Alexandrie par mer a été repris instantanément.

Ces jours derniers l’internonce impérial a eu une conférence à Bebeck avec le reiss-effendi. On croit qu’elle a été relative au sort des prisonniers français, que le renvoi du chargé d’affaires d’Espagne a privés de leur supplément des subsistances. On prétend que M. le baron de Herbert à consenti à leur accorder cette espèce de protection commisérative. Le lendemain, il s’est rendu à Pera, où il a assisté avec tous les ministres étrangers à un Te Deum qui a été chanté dans l’église de Ste.-Marie, à l’occasion de la fête de sa majesté l’em-