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Journal de Bruxelles no  83

citoyens Perciers et Fontaine, architectes, et les citoyens Chaudet et Lemont, sculpteurs, s'occuperont, dès à présent, de l'élévation de la colonne et du monument qui ornera la grande cour intérieure du palais des vétérans.

Quatre individus portant la cocarde blanche, dont un nommé Labarre, se sont présentés à l'administration de Philbert-Grandlieu [ Loire-Inférieure. ] Ils ont montré une lettre signée d'Autichamp, Hédouville, portant que toutes les fonctions étoient suspendues jusqu'au premier ventóse ; en conséquence ils ont intimè l'ordre aux administrateurs et aux commandans de cesser leurs fonctions ; ils ont établi un prêtre qui a célébré la messe et les vêpres, et enjoint en leur nom à tous les habitans, sans distinction, de vivre en paix.

Les feuilles anglaise ne se bornent pas à blâmer et injurier le nouveau gouvernement ; elles lui donnent des avis charitables. Si Bonaparte en croit l'Oracle, il abolira les décades et remettra les dimanches en honneur. Cela feroit, dit les Journalistes anglais, le meilleur effet parmi les campagnes, et ôteroit aux chouans le prétexte et les moyens de guerroyer... Eh, mon Dieu! Bonaparte n'a-t-il pas assez de conseillers en France qui l'obsèdent de leurs avis?

Charles Hesse a été mis en surveillance à Saint - Denis ; on lui a accordé dix jours pour s'y rendre. Il fant espérer que ces bandes d'étrangers, qui depuis 1a révolution proscrivent en France les meilleurs citoyens cesseront d'être les français par excellence, quand les véritables français cesseront d'être traites en étrangers. Rien ne révolte et n'humilie autant un nation que de se voir à la merci de misérables accourus des pays étrangers pour l'exploiter.

On écrit de Vannes, le 10 frimaire, que le 28 du mois dernier, à 4 heures du soir une division anglaise fut signalée en dehors de Belle-Isle en mer : qu'à 5 heures on a vu à la hauteur de la pointe de cette isle, trois frégates, un cutter, une corvette et deux bricks, qui ont resté en vue jusqu'au soir. On ajoute que le 29 cette division a mouillé à la hauteur de l'isle d'Edic ; que le 30, quatorze vaisseaux s'y sont réunies ; que six jours après une partie est venue jetter l'ancre dans la baie de Croisic, où elle a passé la nuit et a mouillé ensuite au nord-est de l'isle de Mé, à une lieue et demie de Penerf.

Ces manoeuvres annonçoient un projet de débarquement. En effet, d'autres lettres de Vannes, du même jour, disent qu'il a eu lieu ; qu'il y a eu un combat dans lequel les ennemis Ont été battus ; mais on ne donne pas de détails ; on les attends avec impatience.

COMMISSION DU CONSEIL DES ANCIENS.

Seance du 19 Frimaire. (10 décembre 1799).

On approuve la résolution du 16 frimaire, portant que dans les pays infestés par les rebelles, les tribunaux civils, criminels et correctionnels qui ont été ou seroient obligés de quitter le lieu ordinaire de leur séance, pourront continuer, provisoirement, leurs fonctions ou ils seront restés.

Une résolution concernant les dépenses de l'armée d'Orient pour l'an 8, est également approuvée.

On approuve la résolution d'hier, concernant le systéme métrique.

De Nantes, le 15 Frimaire.(6 décembre 1799)

Il n'est que trop certain que, le 9 de ce mois, trois frégates et deux transports anglais ont opéré, à l'entrée de la Vilaine, à l'abbaye de Prières, près Billiers, un débarquement de munitions et armes : on assure même qu'il y a aussi quatre canons et deux obus. On ne dit pas s'il y a également des émigrés , mais on va même jusqu'à dire qu'ils ontpris la route de Mussillac.

Les anglais se sont servis de bateaux de pêche, pour effectuer ce débarquement : nous saurons peut-être bientôt la nature de ces munitions et armes, et leur quantité ; quant à présent, nous l'ignorons.

Il est arrivé, cette nuit, à Nantes, un chef de chouans, dont on a veillé le passage, pour la sûreté publique et pour la siennne : il vient de la Vendeé, et, suivant toute apparence , il se rend auprès du général Hédouville.

La petite ville de Machecoul est dans ce moment au pouvoir des chouans, qui y sont entrés hier, au nombre de 300 ; leur chef se nomme Lecouvreur, c'était autrefois un tisserand. Ils n'ont fait de mal a personne ; ils ont crié en entrant : vive la paix et l'union !

Les 1,800 hommes que nous attendions de l'Orient et qui étoient bien véritablement en route pour Nantes, n'arrivant pas, ne peut douter que leur marche rétrograde n'ait pour cause le débarquement dont nous venons de parler.

Si la pacification n'est pas faite, il paroît du moins qu'on s'en occupe ; il est passé cette nuit, au poste de Rennes, un aide-de-camp qui avait des expéditions pour Chatillon.

P.S. Dès hier on disoit que lors du débarquement, il y avoit eu un combat entre les republicains et les chouans ; mais on n'en Connoît pas le résultat : cependant une lettre écrite de Redon, annonce qu'un combat a eu effectivement lieu, sans en dire la date. Les chouans ont été battus, grande déconfiture. Nos soldats , au nombre de 3,000, soris de Vannes pour s'emparer du produit du débarquement, étoient rentrés avec trois fusils et leurs bayonnettes, toutes garnies de chapeaux de chouans.

D'autres renseignemens obtenus avec assez de peine, disent qu'aussi-tôt que les chouans surent qu'un débarquement s'effectuoit, ils accoururent de toutes parts vers ce lieu où il se faisoit et s'y reunirent au nombre d'environ onze mille ; mais si, comme tout le fait présumer, il y a eu vraiment un combat, il faut bien qu'il ait eté à notre avantage : Suivant le rapport d'un voyageur, nos 1,800 hommes arrivent. Ce voyageur assure qu'ils ont couché à Roche-Sauveur, le 13 ; ils auront dû être alors à Pont-château, le 14, et arriveroient ici le 16.

D'Honfleur ,le 15 Frimaire.(6 décembre 1799)

Le sous-commissaire de la marine en ce port, a reçu hier, l'avis officiel qu'une division anglaise étoit sortie d'un de ses ports pour venir croiser dans notre baie, avec l'ordre de prendre tout les pêcheurs, de faire prisonniers leurs équipages, et leurs bateaux. Il en a donné avis de suite, par une proclamation, à toits les in marin-pêcheurs de son quartier, en le prévenant de se tenir sur leurs gardes.

Cette nouvelle a jeté dans notre commune la plus grande consternation : on ne sauroit apprécier les pertes que va occasionner cet ordre du gouvernement anglais puisqu'en ce moment les armemens sont dans une grande activité pour la pêche du hareng vient de s'ouvrir, et qui paroît donner en abondance, ce qui auroit dédommagé nos malheureux pêcheurs des cruelles privations auxquelles ils sont en proie depuis que le gouvernement britannique a méconnue le droit des gens.


D'Amsterdam, le 13 Frimaire.(4 décembre 1799)

Nous avons appris avec une satisfaction bien vive que le gouvernement anglais avoit levé le blocus de nos ports. Cette circonstance va ranimer notre commerce et déjà nous en éprouvons les effets rapides à la bourse. Avant-hier, un bâtiment neutre venant directement de Londres est entré au port de Brielle.

De la Haye, le 15 Frimaire.(6 décembre 1799)

Le général Kellermann, après avoir pris hier congé du directoire exécutif ; est parti ce matin pour Paris ; il est remplacé dans le commandement de l'armée française en Batavie, par le général Desjardins.

Le général Valence qui s'est fait une réputation glorieuse dans les premières campagnes de cette guerre, et qui fût ensuite proscrit de sa patrie, comme émigré, est aussi parti ce matin pour Paris. Il résidait depuis trois mois à la Haye attendant sa radiation de la liste fatale, lorsque le 18 brumaire a ramené le règne de la justice et rappellé en France les premiers fondateurs de sa liberté. En 1787, Valence s'acquit déja des droits à la reconnoissance des bataves, en se vouant à leur cause : lors-