Aller au contenu

Page:Journal des femmes (5-15), 1841.pdf/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 200 —

ton âge, ouvre cela, tu sauras de ton père tout ce que tu veux savoir. »

Instinctivement saisi de la gravité de leur situation, Charly devint pâle à son tour et s’assit lui-même, car les jambes lui manquaient. Tandis qu’il obéissait en silence au commandement de sa mère, il se rappelait qu’il l’avait, plus d’une fois, surprise à pleurer sur ce portefeuille délabré. C’est à peine s’il osait l’ouvrir. Quand il l’osa, une petite peinture s’offrit à son regard, et le fit tressaillir.

— « Mon père était capitaine de vaisseau ! s’écria-t-il.

— Oui, Charly, officier dans le service naval du Roi.

— Et gentilhommme, ma mère ? »

(La suite au prochain numéro.)
Mad. Desbordes-Valmore.



Destinée et Amélioration des Femmes.


Aucune époque n’a été aussi sévère que la nôtre pour les femmes de lettres. Les satires même de Molière, moins vraies qu’ingénieuses et malignes, attaquent plutôt les prétentions de l’ignorance, l’affiche d’un talent qu’on affecte, parce qu’on ne l’a pas, que ce goût, cette culture des lettres qui a toujours été pour notre sexe un gage de raison et de vertu. Mais, chose inouïe, c’est l’art, l’art libéral du xixe siècle, qui ne lui permet que l’instruction de l’enfant, et qui, en lui interdisant l’exercice de la pensée, le repousse dans la vie monotone et inutile des temps d’ignorance et de barbarie.

Il y a quelques années cependant, lorsque surgirent plusieurs œuvres de femmes dignes d’une sérieuse attention, il se manifesta pour nos écrits un intérêt si général et si empressé, que le grand nombre d’auteurs qui faisaient de la pensée un objet de trafic et d’industrie, déguisèrent, sous des pseudonymes féminins, des productions également répudiées par le goût et la morale, et cette supercherie, qui ne trompa personne, devint l’occasion ou le prétexte de l’anathème que lancèrent les jour-