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Page:Journal des femmes (5-15), 1841.pdf/277

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JOURNAL DES FEMMES.


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N. 11. AOÛT 1841.

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L’Aspirant de Marine.

(Suite.)

— Sa commission l’a rendu tel ; mais il l’eût été de même sans sa commission.

— Il fut donc votre mari avant que M. Mac-Daniel vous épousât, ma mère ?

— Votre père et moi nous ne fûmes jamais mariés. »

Le silence le plus morne suivit ces paroles brèves. Elles tintèrent entre la mère et le fils, et les saisit ensemble d’un affreux battement de cœur. Les traits les plus jeunes trahirent un combat intérieur d’une étonnante amertume, tandis qu’ils étaient comme terrifiés devant la miniature. Tout-à-coup le pauvre enfant mordu au cœur par une autre angoisse demanda, la gorge serrée : « est-il mort, cet homme ? »

La femme frissonna ; ses mains se joignirent ; un sentiment superstitieux traversa son esprit : elle trembla que Dieu, pour la frapper, n’eût mis cette parole dans la bouche de son enfant, et s’écria : « Je ne sais pas ! je ne sais rien ; j’espère en Dieu que non. Parfois je crois une chose, et parfois une autre. Écoute, mon aimé… »

Charly, troublé de son désordre, se remit à genoux devant elle. « Non, ma mère, je ne veux plus rien apprendre ; je ne veux plus vous voir triste. Tais-toi, ma mère ! tais-toi ! répéta-t-il avec passion ; ce qui fit involontairement sourire d’amour cette humble coupable. Elle reprit pourtant avec mélancolie et comme se parlant à elle-même :