Page:Julien Delaite - Essai de grammaire wallonne - Le verbe wallon, 1892 (partie 1) et 1895 (partie 2).djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE X.

Imparfait du subjonctif.


L’imparfait du subjonctif et le parfait de l’indicatif sont deux temps corrélatifs. Ils se sont extraordinairement simplifiés en wallon ; chacun d’eux ne possède plus qu’une terminaison commune aux quatre conjugaisons, terminaison empruntée à la première conjugaison.

La terminaison est ahe (ăh). ([1]). Je signalerai ihe, à Esneux, dans prinde (prendre) prindihe.

On pourrait dire, grammaticalement parlant, que l’imparfait du subjonctif dérive du parfait de l’indicatif en ajoutant à ce temps le suffixe he.

Mais, concurremment avec cette forme ahe, en harmonie avec les règles phonétiques, il existe une seconde forme en asse (ăs), qui n’est pas étymologique, d’après moi, mais qui paraît plutôt être d’introduction française.

Le pluriel est en ahîs, ahît (ăhī) (assions, assiez, assent) ; il n’admet pas la forme en assîs. L’îs correspond à ions, iez (cf. anc. franç. le présent mang(i)ez, magnîz, et l’imparfait et le conditionnel où l’ī a la même valeur).

Je signalerai encore la terminaison îhe, au lieu de ahîs, dans certains sous-dialectes ; Ex. : I fâreût qu’vos magnîhe. Je la considère comme une corruption.

Nous ne tracerons pas le tableau de ce temps, vu sa simplicité. Les quatre conjugaisons font régulièrement :

tꞓãtăh, măn̮ăh, ătꞓtăh.
Vĩdah, bătăh, fĭnĭhăh.
Sĩtăh, dwĕ̀rmăh, bŭvăh.
  1. Cet h est conforme à la règle phonétique spirante + voyelle = h (ou mieux ss + palatale = h