Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/57

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— J’aime mieux le voir meurtri de la tête aux pieds par moi qui l’aime, que mésaventure lui survenir à cause de son ignorance, répondit Baloo avec beaucoup de chaleur. Je suis en train de lui apprendre les Maîtres Mots de la Jungle appelés à le protéger auprès des oiseaux, du Peuple Serpent, et de tout ce qui chasse sur quatre pieds, sauf son propre clan. Il peut maintenant, s’il veut seulement se rappeler les mots, se réclamer de toute la jungle. Est-ce que cela ne vaut pas une petite correction ?

— Eh bien, en tout cas, prends garde à ne me point tuer mon petit d’homme. Ce n’est pas un tronc d’arbre bon à aiguiser tes griffes émoussées. Mais quels sont ces Maîtres Mots ? Il me convient plutôt d’accorder aide que d’en demander, (Bagheera étira une de ses pattes pour en admirer les griffes, dont l’acier bleu s’aiguisait au bout comme un ciseau à froid). Toutefois, j’aimerais savoir.

— Je vais appeler Mowgli pour qu’il te les dise, s’il est disposé. Viens, Petit Frère !

— Ma tête sonne comme un arbre à frelons, dit une petite voix maussade au-dessus de leurs têtes.

Et Mowgli se laissa glisser le long d’un tronc d’arbre. Il avait la mine fâchée, et ce fut avec pétulance qu’au moment de toucher le sol il ajouta :

— Je viens pour Bagheera et non pour toi, vieux Baloo.

— Peu m’importe, dit Baloo, froissé et peiné. Répète alors à Bagheera les Maîtres Mots de la Jungle, que je t’ai appris aujourd’hui.

— Les Maîtres Mots pour quel peuple ? demanda