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Torki, Bérendyéi — jouaient ici le même rôle que les indigènes, de sorte que la masse de ceux qui dirigeaient le pays représentait une agglomération de peuples variés. Tel était le tableau du pays de Kief.

L’organisation des Cosaques a pris naissance au XIIe ou au XIIIe siècle.

Dans la Russie Rouge on élisait et on bannissait les princes. Le prince dépendait tellement du Vetché que sa vie de famille même était soumise au contrôle des Halitchiens. En Galicie la force populaire, l’influence politique étaient entre les mains des boïards — personnages qui, par la force des circonstances, sortaient de la masse et s’emparaient des affaires du pays. Ici se montrent déjà les commencements de ce panstvo (noblesse) qui, sous la domination polonaise, s’empara de tout le pays et, s’opposant à la masse du peuple, le souleva enfin contre lui en la personne des Cosaques.

En lisant l’histoire de la Russie ukranienne au XIIe et au XIIIe siècle, on peut voir l’enfance de cette organisation qui quelques siècles après se révèle dans sa virilité. Une grande liberté personnelle, la liberté politique, une forme indécise, c’étaient les traits caractéristiques de la société de la Russie méridionale à l’époque la plus ancienne et même par la suite. Il faut y ajouter le manque de persévérance et de but bien clair, l’impulsivité des mouvements, un désir d’action, de création et pourtant l’abandon et la décadence de ce qui n’avait pas été achevé, tout ce qui infailliblement dérivait de la suprématie de l’individu sur la communauté. Néanmoins la Russie ukranienne ne perdait pas le sentiment de son unité nationale, mais ne pensait pas à la maintenir. Au contraire, le peuple lui-même allait au devant de la disparition sans pouvoir pourtant tomber en pièces lui-même. Dans la Russie ukranienne on ne remarquait pas la moindre envie de subjuguer les autres, d’assimiler les étrangers qui s’étaient établis au milieu des indigènes ; parmi ceux-ci s’élevaient des querelles, surtout pour des questions d’honneur ou de butin, mais non pour affermir un pouvoir, une domination séculaire.

Lorsque les immigrés variagues eurent donné l’impulsion aux Polonais, ceux-ci devinrent des conquérants, mais pendant fort peu de temps ; les étrangers leur avaient inspiré l’idée de s’adjoindre des pays, le besoin d’un centre autour duquel ces terres se