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pensée au monde et du monde à la pensée. C’est dans la pensée que nous trouvons les éléments et les lois de l’univers, c’est d’elle que nous le composons, c’est à elle comme à son principe qu’il nous ramène. Nous ne sortons pas de nous-mêmes l’objet créé par nous, c’est encore nous. Penser le monde, c’est s’y recueillir ; l’objet nous ramène au sujet, parce qu’il en sort. Réfléchir, c’est surprendre le secret de la création des choses par la pensée, c’est démêler les idées qui se combinent pour produire cette apparence, c’est aller de la pensée au monde et du monde à la pensée. La dialectique est ainsi le double mouvement par lequel l’esprit se développe et se concentre, c Si mes facultés avant toute détermination étaient des cadres vides, des tables rases, je m’efforcerais de remplir ces vides, de charger ces cadres ; je cherche au contraire à me concentrer, à ramener la diversité de mes pensées à l’unité de la pensée pure~. Le terme de la philosophie, c’est cette réflexion, cette conscience pure de soi-même, où la pensée se voit face à face et se saisit dans sa réalité infinie.

Toutes les vérités établies, en se résumant dans -cette vérité suprême, la confirment. Si tout est pour la pensée, c’est que tout est par elle, c’est qu’elle est tout ce qui est. Malebranche disait « Nous voyons tout en Dieu ». Parole profonde ! Penser, c’est ramener le particulier à l’universel, le fait à un tissu de lois, les lois mêmes à leur principe ; c’est rattacher ce qui paraît à ce qui est, la diversité des sensations à l’unité de la pensée absolue. « Sans~doute, dans notre état actuel, nous n’avons conscience d’aucune pensée qui ne soit empiriquement déterminée. Mais la pensée serait-elle encore pensée et se distinguerait-elle d’une simple reproduction matérielle des objets, si elle ne se saisissait elle-même, en deçà de ses déterminations, comme l’intelligible primitif, dont le contact peut seul rendre les objets intelligibles. Et, si la liberté d’indifférence conserve toujours des partisans, en dépit de toutes les raisons du déterminisme, n’est-ce point parce que la liberté absolue est en effet le fond et la substance de toutes nos volontés, quelque déterminées qu’elles soient par les motifs ?. II y a en nous, en dehors de la conscience empirique des phénomènes, la concience d’une pensée absolue, qui supporte toutes les t. Logique, leç. XV ~e coMCMMepMfe de Mt-M&Me.