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était au delà de la physique ». La Revue philosophique se doit de publier une étude sérieuse sur ce livre sérieux et de bonne foi qui essaye résolument d’éclaircir des problèmes aussi graves.

I

Cet ouvrage un peu touffu -renferme une foule d’études intéressantes disséminées, quelquefois mêlées les unes avec les autres ; il me semble utile d’examiner les différentes questions séparément. Je me propose de résumer ce que M. Richet nous apprend sur la légitimité de ces études, sur leur histoire, sur leurs méthodes, sur leurs théories et enfin sur la réalité des phénomènes. Un grand obstacle aux études métapsychiques c’est l’opinion générale du monde scientifique à leur égard « De tout temps on a constaté de ces faits singuliers, irréguliers, imprévoyables qui se mêlaient aux événements ordinaires de l’existence journalière. La science classique a pris à leur égard un parti commode, elle s’est bornée à les ignorer. On ne fait pas une science avec des commérages, et les récits épars que vous rappelez ne sont que des commérages. il s’agit d’aliénations mentales et de vulgaires escroqueries, les médiums sont des hallucinés ou des farceurs si on élimine les hasards, les fautes d’observation et les supercheries il ne reste de la soidisant métapsychique qu’une immense illusion. »

Mais ces faits étranges, qu’ils soient niés ou acceptés, n’en réapparaissent pas moins on a beau les repousser, se moquer des auteurs qui les ont décrits, les observations, les descriptions de ces faits recommencent incessamment, plus précises, plus minutieuses, présentées par les plus grands noms de la science. A-t-on le droit de refuser toujours l’examen à des études qui s’imposent depuis des siècles et qui préoccupent aussi vivement l’opinion publique ? La résistance, la répugnance que l’on rencontre quand on veut aborder cette étude ne doit pas être considérée comme une preuve de la fausseté ’des observations L’histoire des sciences nous apprend que les découvertes les plus simples ont été repoussées a priori sous prétexte qu’elles étaient contradictoires avec la science. On pourrait écrire tout un volume en contant les billevesées qui furent dites au moment de chaque découverte contre cette découverte même. Ce sont les savants qui s’imaginent qu’ils ont tracé