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Anecdotes.

Ismaël et Nemrod, ces anciens conquérants,
En firent leur métier dès leurs plus tendres ans.
Les payens ont jugé que la chasse était telle,
Qu’il n’était pour un dieu de passion plus belle :
Diane, dans les bois, courait après les cerfs ;
Apollon poursuivait les oiseaux dans les airs.



ANECDOTES.


Le Saut du Juif. Le capitaine Riley et ses compagnons de naufrage, traversèrent dans leur voyage de Santa-Cruz à Moggadoze, un passage très dangereux, et fait pour inspirer le plus grand effroi. On le nomme le Sauf du Juif.

« Le sentier que nous étions obligés de suivre, dit le capitaine Riley, ne présentait pas plus de deux pieds de largeur d’un côté, et l’on voyait de l’autre un précipice de deux cents pieds de profondeur, qui aboutissait à la mer. Le moindre faux pas d’une mule ou d’un chameau aurait précipité le cavalier et sa monture au bas du roc, où la mort la plus inévitable les attendait, puisqu’aucun buisson, aucune branche n’y présentait à l’homme le moyen de se retenir et de sauver sa vie. Heureusement pour nous, continue le capitaine, il n’était point tombé d’eau depuis longtems, et la route était entièrement sèche ; l’un de mes compagnons me dit que quand elle était mouillée, on ne s’y hazardait pas ; et que malgré qu’il y eût une autre route en tournant la montagne, qui conduisait bien avant dans l’intérieur, il était arrivé dans celle-ci beaucoup d’accidents fâcheux dont il conservait le souvenir ; il me raconta l’un des plus remarquables, que je vais tracer ici.

« Une société de Juifs, au nombre de six, se rendant de Santa-Cruz à Maroc, arriva en cet endroit avec des mules chargées ; c’était sur la brune, après le coucher du soleil. Pressés de franchir ce passage avant la nuit, les Juifs négligèrent la précaution d’explorer le site, et de crier avant d’y entrer ; car à chaque bout de ce passage, il existe une habitation d’où l’on peut entendre la voix de ceux qui y viennent, puisqu’il n’a pas un demi-mille de longueur ; d’ailleurs, c’est un signal que ceux qui passent sur cette route ont coutume de donner. Une troupe de Maures, dans le même moment, était entrée de l’autre bout du passage pour se rendre à Santa Cruz : ils avaient également négligé les précautions d’usage, ne supposant pas plus que les Juifs que d’autres qu’eux eussent la hardiesse de traverser cet endroit à une heure avancée. Ayant, tant d’un côté que de l’autre, franchi la moitié du passage, ils se rencontrèrent dans un lieu si étroit qu’on ne pouvait ni passer ni retourner sur ses pas. Les Maures et les Juifs étaient également bien montés ; ni l’un ni l’autre parti ne pouvait se retirer : un seul de chaque troupe, et c’é-