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Histoire du Canada.

maritime du Canada. En 1506, suivant des mémoires que Charlevoix regarde comme de bonnes autorités, un habitant de Honfleur, nommé Jean Denys, avait tracé une carte du golfe qui porte aujourd’hui le nom de St. Laurent. Un voyageur raconte, mais sans apparence de fondement, que vers le même tems, un capitaine Espagnol, nommé Velasco, remonta deux cents lieues dans le fleuve qu’on a aussi appellé depuis St. Laurent, et qu’il s’éleva ensuite, le long de la terre de Labrador, jusqu’à une rivière à laquelle Cortéréal avait donné, dit-on, le nom de Nevado.

En 1508, un pilote de Dieppe, nommé Thomas Aubert, emmena en France des sauvages du Canada. Mais il paraît qu’on a avancé sans fondement, qu’Aubert avait fait la découverte de ce pays par l’ordre de Louis XII. Il passe pour constant, comme l’observe l’historien du Canada, que les rois de France n’ont fait nulle attention à l’Amérique avant l’année 1523. Alors François I, voulant exciter l’émulation de ses sujets par rapport à la navigation et au commerce, comme il l’avait déjà fait avec succès par rapport aux beaux arts et aux belles lettres, donna ordre à Jean Verazani, Florentin, qui était à son service, d’aller reconnaître les nouvelles terres dont on commençait à parler beaucoup en France. Verazani partit de Dieppe avec quatre vaisseaux, qu’il ramena dans le même port l’année suivante. On ignore par quelle hauteur Verazani découvrit la terre, dans ce premier voyage, et jusqu’où il s’éleva au nord.

Vers la fin de la même année, 1524, ou au commencement de la suivante, Verazani arma de nouveau un navire, sur lequel il s’embarqua avec cinquante hommes, et des provisions pour huit mois. Il paraît que dans ce second voyage, Verazani rangea les côtes de l’Amérique septentrionale, entre les 30e. et 50e. degrés de latitude. La relation du premier voyage de Verazani est perdue ; celle du second existait encore du tems de Charlevoix ; mais cet historien la trouvait peu intelligible, par la raison que le navigateur n’avait fait, pour ainsi dire, que ranger la côte, quelquefois même d’assez loin, et que les endroits où il avait débarqué ne portaient plus les noms qu’il leur avait donnés.

Peu de tems après son retour en France, Verazani fit un nouvel armement, à dessein d’établir une colonie en Amérique. Mais tout ce qu’on sait de cette nouvelle entreprise, c’est que s’étant embarqué, il n’a pas reparu, et qu’on n’a jamais appris ce qu’il était devenu : soit qu’il ait péri en mer, soit qu’ayant mis pied à terre, dans un endroit où il voulait bâtir un fort, comme quelques uns l’ont publié, il ait été massacré avec tous ses gens, par les naturels du pays.

Quoiqu’il en soit, le malheureux sort de Verazani fut cause que pendant quelque tems, on ne songea plus en France à l’Amérique.

Ce ne fut que dix ans après, que Philippe Chabot, amiral de France, engagea le roi (François I) à reprendre le dessein d’éta-